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AUTOUR DU CONTINENT LATIN
AVEC LE « JULES MICHELET » [1]

II [2]
LE GUATEMALA. — PANAMA

Sur la mer des Antilles, la navigation revêt un charme spécial ; évidemment, sous les tropiques, et particulièrement pendant la saison des pluies, l’air n’a ni la limpidité, ni la légèreté que lui donne le climat méditerranéen ; mais quand les heures très chaudes se sont écoulées, à leur accablement succède, comme une délivrance, un air léger et langoureux ; après chaque grain, l’air devient très transparent et l’horizon se rapproche. Les couchers de soleil sont rapides et dramatiques ; le ciel prend des colorations uniques ; à l’azur profond succèdent des gris et des verts lumineux ; puis quelques nuages roses dans un bleu tendre, d’un pompadour un peu mièvre ; tout à coup l’horizon s’empourpre violemment et c’est dans tout le ciel l’éclatement d’un incendie. Le disque sanglant du soleil s’aplatit curieusement et disparait ensuite avec une telle rapidité qu’il semble tomber verticalement dans la mer. Et la nuit vient très vite, avec son cortège d’étoiles nouvelles.

Après cinq jours de mer, nous côtoyons la République de Honduras. Les eaux sont limoneuses, chargées de débris végétaux : on voit l’action de l’hivernage avec ses pluies torrentielles. Enfin, le 5 juillet, vers huit heures du matin, nous voici

  1. Copyright by général Mangin. 1922.
  2. Voyez la Revue du 15 septembre.