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dans la rade très fermée de Puerto-Barrios. où les hauts fonds nous Obligent à mouiller loin de terre. Nous la saluons, et une batterie de campagne en position près du quai nous rend le salut.

Notre chargé d’affaires, M. Perrot, arrive en grande tenue, avec le commandant de la marine. Après une aimable prise de contact, il jette un regard sévère sur nos casques coloniaux, qui produiraient à terre le plus mauvais effet ; il répond de l’innocuité du soleil, et d’ailleurs un train spécial va nous emporter à 2 000 mètres d’altitude, dans un climat européen. Nous reprenons képis et casquettes et nous débarquons.

A terre, nous sommes reçus par le sous-secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, M. Pinol, qui a eu l’amabilité de venir à notre rencontre nous souhaiter la bienvenue. Il nous présente le général Duran et les officiers guatémaltèques qui seront attachés à ma mission pendant notre séjour dans la République ; je réponds en français à M. Pinol, puis nous entrons dans la gare pavoisée aux drapeaux des deux nations. La foule nous fête et le train part à onze heures, avec les quatre officiers de la mission militaire française venus aussi à notre rencontre.

Le pays est merveilleusement riche. Nous traversons d’immenses plantations de bananiers, propriété de la United fruit C°, des Etats-Unis du Nord. Nous avons entrevu les importantes installations de cette compagnie à Puerto-Barrios ; et, chemin faisant, nous verrons ses sanatoria et ses hôpitaux sur les premières pentes du plateau. C’est une administration considérable, qui se charge de ses propres transports, et qui a été amenée à établir un service de vapeurs réguliers entre le Guatemala et les ports des Etats-Unis.

Avant même que la consommation des fruits tropicaux ait pris toute son extension aux Etats-Unis, une Compagnie américaine avait construit le chemin de fer qui, passant par la capitale, réunit les deux Océans à travers le Guatemala, et qui a commencé la mise en valeur du pays. Ces entreprises privées étendent dans le centre de l’Amérique l’influence de la grande République, qui a évidemment un intérêt croissant au maintien de l’ordre public dans des régions où il est souvent troublé ; mais rien n’indique des visées politiques qui compromettraient l’indépendance dont les nations de l’Amérique centrale se sont toujours montrées si jalouses.

Le train est très bien compris, avec de larges wagons sans