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Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 11.djvu/577

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passent encore par le détroit de Magellan ou même par le Cap Horn. C’est la côte Est, la côte Atlantique des Etats-Unis qui prend la première place par son trafic avec la côte Ouest de l’Amérique du Sud, et la seconde place par son trafic avec les pays d’Extrême-Orient. La troisième place est prise par le transit entre l’Europe et la côte Pacifique de l’Amérique du Sud, la quatrième par le cabotage entre les cotes des Etats-Unis, la cinquième par le trafic entre l’Europe et la côte Ouest des Etats-Unis, la sixième par le commerce cuire l’Europe et l’Océanie. Le transit entre l’Europe et l’Extrême-Orient n’est même pas mentionné, et le canal de Panama dans aucune région importante ne concurrence en ce moment le canal de Suez. Toutefois, il y a avantage à employer cette voie de préférence à celle de Suez entre les ports européens et l’Océanie : l’économie de distance entre Liverpool et la Nouvelle Zélande est de 1500 milles. Mais tout cet ensemble de 10 millions de tonnes n’atteint guère que le cinquième du transit possible, évalué dès maintenant à 50 millions de tonnes ; les droits perçus sont suffisants pour l’entretien du canal, ils ne peuvent rémunérer les capitaux engagés : un milliard 200 millions pour la France, près de 2 milliards pour les Etats-Unis. Aucune société financière n’aurait pu rémunérer l’exécution d’une telle œuvre.

« De Lesseps et ses partisans échouèrent parce qu’ils avaient tenté l’impossible, dit la brochure américaine distribuée à bord du Jules Michelet. Les événements ont prouvé qu’aucune Compagnie, avec un capital limité, remboursable après un temps raisonnable, n’aurait pu construire le canal de Panama, même si elle avait disposé des machines et du matériel perfectionné en usage aujourd’hui, et même si elle avait eu connaissance des mesures sanitaires reconnues indispensables de nos jours. Le Gouvernement des Etats-Unis, qui lui succéda dans cette tâche, réussit seulement parce qu’il avait des capitaux illimités et parce qu’il était indifférent aux bénéfices. Le canal est ouvert à la navigation depuis sept ans. Les revenus ont été suffisants pour couvrir les frais d’exploitation, mais non pour payer un intérêt au capital investi. Dans le cours des années, il deviendra sûrement une opération profitable, mais aucune Compagnie par actions ne pourrait attendre si longtemps le remboursement de son capital.

« Bien que les ingénieurs français n’aient pas pu terminer