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ports de l’Adriatique, la crise économique, à la bonne heure : un programme hétérogène, mais dont chaque point est pratiquement réalisable, sortira des travaux du Congrès. Un article est particulièrement cher au cœur du secrétaire politique du parti, Don Sturzo. Il veut qu’au sujet de la décentralisation, on aboutisse vite à des projets très précis, très élaborés, prêts à se traduire en actes. S’il arrivait à réaliser cette grande réforme, désirée par tant d’autres et où tant d’autres ont échoué, quelle gloire ! Ce serait la marque éclatante de la vitalité du parti.

22 octobre, minuit. — La séance nocturne (car le Congrès travaille avec une sorte de fièvre, et les discussions se poursuivent jusque fort avant dans la nuit) a été orageuse ; mais ce n’a pas été la plus curieuse pour moi. J’attendais avec un intérêt tout spécial le débat sur la politique extérieure. On m’avait mis sous les yeux, à Milan, les impressions d’un Allemand qui était venu faire sur l’Italie d’après guerre l’enquête à laquelle je me livre moi-même, et qui a publié son Italienisches Beisetagebuch dans une revue munichoise, le Hochland. Il y constatait avec joie que trois grands pouvoirs travaillaient en faveur de l’Allemagne. D’abord, l’industrie et le commerce, car tous les liens du passé se renouent rapidement, et le flot des marchandises allemandes se déverse à nouveau sur l’Italie. Ensuite la science : médecins, chimistes, professeurs, ont étudié dans les Universités allemandes ; et la philosophie la plus répandue en Italie n’est-elle pas l’hégélianisme ? En troisième lieu, le catholicisme. « Je ne connais aucun curé italien, aucun ecclésiastique lombard (et l’on sait combien leur capacité d’organisation est apparentée à nos méthodes), qui aujourd’hui encore ne soient avec les catholiques allemands dans les rapports les plus cordiaux. La guerre n’a été qu’un épisode... » Voici le moment de voir si la guerre n’a été qu’un épisode, en effet. Je me méfie des témoignages allemands : l’attitude du Congrès sera autrement significative.

Or Don Sturzo ne limite pas ses ambitions à l’Italie ; il les étend à l’Europe, et peut-être au monde. Après avoir constitué un parti démocratique en face du parti socialiste, il veut constituer de même une Internationale blanche. Il espère l’adhésion des catholiques de tous les pays, des catholiques français, par exemple. Mais comment ne compterait-il pas, bien davantage, sur les catholiques allemands ? Ceux-là sont des forts. Le Centre,