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ce parti politique si admirablement organisé, quel exemple, quel modèle ! Est-il un allié plus souhaitable ? Le fait est que, personnellement, Don Sturzo revient de Berlin, et qu’il y a rencontré le succès le plus flatteur.

Quant au Congrès lui-même, il témoigne en cette matière de quelque incertitude, il admet parfaitement que le traité de Versailles constitue une injustice, qu’il faudra bien réparer quelque jour. Pour les relations internationales, point de limites à la charité chrétienne : les Allemands (sont-ils si mauvais qu’on le dit ? ont-ils eu tous les torts qu’on leur prête ?) doivent être pardonnés, et réhabilités au plus vite dans tous leurs droits. Mais se mettre à la remorque des catholiques allemands, c’est une autre affaire. Et surtout le projet de cette Internationale blanche n’est-il pas prématuré ? — Pour rallier l’unanimité des suffrages, Don Sturzo a un trait de génie : il manifeste son intention de faire de l’Italie même le centre du grand mouvement qu’il rêve d’organiser. « A l’heure actuelle, dit-il, nous avons commencé nos études sur le terrain pratique, sur l’instrument du travail international, c’est-à-dire la Société des nations et le Bureau international du travail. Nous ne portons pas devant le Congrès la question de l’Internationale populaire, parce que nos cadres ne sont pas encore complets. J’annonce cependant que vers février-mars, une assemblée se tiendra en vue de sa constitution ; et elle se tiendra en Italie, parce que c’est seulement de l’Italie, siège international du droit, siège international de la catholicité, que peut venir une parole d’universalité... »

En ce mois d’octobre 1921, le parti populaire italien fait éclater sa puissance. La guerre a permis aux catholiques de franchir une étape décisive. Il y avait longtemps qu’ils désiraient participer à la vie politique du pays ; en se tenant loin d’elle, il leur semblait qu’ils avaient des airs de parias ; faute d’exercer tous leurs droits, leur abstention, même volontaire, les rangeait dans une classe inférieure de la cité. L’exubérante ardeur qu’ils montrent aujourd’hui vient de cette longue abstention : ils ont une revanche à prendre. Les étapes avaient été infiniment lentes, au cours des années qui séparent 1871 de 1915 : ni élus, ni électeurs ; le non expedit ; l’abolition du non expedit ; les catholiques allant aux urnes pour appuyer de leur vote les partis d’ordre ; quelques députés envoyés à la Chambre... Tout d’un coup, la guerre... L’atmosphère est