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nature ont été envoyés de là-bas en France pour soutenir des œuvres charitables de guerre. Consacrant officiellement une haute et pieuse pensée, un décret français du 6 août 1920 a autorisé la donation faite au Dominion du Canada par le comte de Franqueville d’un terrain sis à Bourlon (Pas-de-Calais), « destiné à l’érection d’un monument à la mémoire des soldats canadiens tombés au champ d’honneur. »

Sir Wilfrid Laurier avait défini l’Empire britannique « une constellation de nations libres » (A galaxy of free nations). Entre ces associées, le Canada est peut-être la plus libre, et c’est sans conteste la plus peuplée de toutes. Comme elle vit contiguë à une très puissante confédération, — les Etats-Unis avec leurs 110 millions d’habitants pèsent d’un poids irrésistible sur tout le continent américain, — la nation canadienne ne peut se défendre des relations étroites que comporte cet immédiat voisinage. Depuis une vingtaine d’années, les terres libres de la Prairie canadienne attirent des pionniers qui montent du Sud d’autant plus volontiers, maintenant, que la guerre a tari les sources européennes de l’immigration. Sans aucune animosité contre les Etats-Unis, certains hommes politiques du Canada se préoccupent de ce mouvement comme aussi de la communauté d’intérêts qui mêle des firmes de part et d’autre de la frontière dans la presqu’île d’Ontario, particulièrement. Ne doutons pas néanmoins que le Dominion demeure fermement lié à l’Empire, du moment où les institutions impériales ont fait largement place à toutes ses libertés. Ainsi le maintien d’une collaboration où s’efface progressivement la notion de souveraineté se lie à la perpétuité d’une politique britannique qui remonte à l’Acte de Québec de 1774. Les hommes d’Etat de Londres et d’Amérique n’ont qu’à lire l’Histoire de Garneau pour comprendre sur quels principes est fondé l’avenir national du Canada.


HENRI LORIN.