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Ce détachement était fort de 350 fantassins et 200 chevaux ; j’eus connaissance de ces chiffres parce que le général me chargea de réunir les situations des compagnies ou détachements, les sergents-majors ou maréchaux des logis étant restés un instant derrière pour les faire et devant ainsi me les remettre. Le général me recommanda d’étudier le pays que nous traversions, de prendre des notes et de les lui remettre tous les soirs, quand on serait arrêté. Cette circonstance fit que je le voyais tous les jours deux ou trois fois, et me mit en rapport avec lui d’une manière presque intime.

Entreprendre une expédition aussi hasardeuse, avec aussi peu de monde, était bien hardi ; mais le général était actif, entreprenant, et il avait près de lui un Portugais qui connaissait le pays, plus un aide de camp qui parlait la langue pour interroger les habitants qu’on rencontrerait ou les prisonniers qu’on ferait. Pour faciliter cette course presque à travers champs, et dégager le pays des bandes qui pouvaient s’y trouver, on envoya des troupes vers la place forte d’Abrantès avec l’idée de faire croire à un prochain siège. Cette crainte devait faire courir dans cette direction, à la défense d’Abrantès, toutes les colonnes mobiles : c’est ce qui arriva pour notre droite ; d’autres démonstrations faites à notre gauche eurent le même résultat, en sorte que nous trouvâmes le pays à parcourir presque libre.

Du reste je ne doute pas que si nous avions été serrés de plus près, le général aurait abandonné l’infanterie, qui s’en fût tirée comme elle aurait pu, et qu’il serait parti avec la cavalerie pour remplir sa mission qui lui paraissait plus importante que la conservation de quelques centaines d’hommes. Quelques mots qu’il me dit dans une conversation particulière me le firent penser.

Pris d’une violente fièvre. Barrès, le 11 novembre, entre à l’hôpital et n’en sort que quarante jours après, mal rétabli. A Almeida, nouveau séjour à l’hôpital. Il rentre en France le 25 avril 1811. Détaché à l’île de Groix, il est promu capitaine en 1812. Il rejoint la Grande Armée au début de 1813, et en qualité de capitaine des voltigeurs du 3e bataillon de la 47e, reprend pour la troisième fois, en avril, la route de l’Allemagne.