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Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 11.djvu/862

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D’abord, il faut organiser une forte voie navigable ayant pour tête de ligne Hambourg et le canal de Kiel, tête de ligne où viendra aboutir un grand trafic parti d’Amérique septentrionale et passant au Nord de l’Angleterre par la route des Orcades, au détriment du Havre, de Liverpool et d’Anvers. Cette voie navigable de Hambourg drainera à elle tout le trafic hollandais qu’elle ira chercher sur le territoire, néerlandais même et attirera de Rotterdam en direction de l’Allemagne et du Rhin allemand.

Devenue pompe aspirante et refoulante, cette voie navigable aménagée dans l’arrière-pays de Hambourg et de la Hollande, sera outillée de manière à doubler le Rhin et à filer en direction de la Suisse par la base de la Forêt-Noire et de la vallée du Neckar. Le Neckar, d’abord canalisé, puis prolongé par un canal, ira, — grâce à ce canal, — rejoindre le Danube. Et le Danube lui-même, par un autre canal, se verra relié directement au lac de Constance.

Ainsi la canalisation du Neckar, le canal Neckar-Danube, la canalisation Rhin-Main-Danube, la canalisation du Danube supérieur, et le canal Danube-lac de Constance fourniront à l’Allemagne un puissant système de navigation intérieure qui encerclera et pénétrera complètement la Suisse. Et, grâce à ce réseau vasculaire formant un circuit magnifique, la Suisse deviendra tributaire complète de l’Allemagne, et n’aura plus aucun besoin de ces voies franco-suisses dites Suisse-Océan, a trajet variable, qui sont aujourd’hui seulement en discussion chez nous et qui devraient relier la Suisse par le Lac Léman soit à la Méditerranée, soit il Bordeaux ou Saint-Nazaire.

Ce grand système de canalisations, de canaux et de voies d’eau aménagées est ainsi destiné à isoler la Suisse de la France et de la Belgique, et à barrer tout chemin à la pénétration fluviale franco-belge. Il a pour but la mise en échec d’Anvers, et un coup terrible porté à Strasbourg redevenu français. Tant que Strasbourg demeurait allemand, les projets germaniques développaient la « plaque tournante » de Strasbourg ; du jour où Strasbourg retrouve sa place en France, la tactique allemande est de l’annihiler en la masquant.

Comme suite à ce premier réseau rhénan, suisse et danubien, les Allemands prévoient un développement considérable de toutes les routes d’eau en direction du Danube, principalement