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causés par elle, l’Allemagne a trouvé, dans ses caisses, les moyens financiers nécessaires pour entreprendre de formidables travaux intérieurs.

En même temps que le Reichstag votait 11 milliards de marks pour assurer séance tenante la reconstruction de la flotte marchande livrée aux Alliés, il votait 16 675 352 000 marks pour les chemins de fer (sur lesquels 5 516 758 000 marks de dépenses sont actuellement engagés), et il approuvait un programme de 52 milliards de marks pour la navigation intérieure. Ce dernier chiffre représente 2 720 kilomètres de travaux, et il faut, bien entendu, l’évaluer en marks-papier, — en notant ce fait que pour l’établissement de ce compte les ingénieurs qui l’ont étudié calculèrent à une date où le mark était tombé à un sou, ce qui donne tout de même la coquette somme de 2 036 000 000 marks-or.

L’opinion publique française se doute-t-elle de ce que représente, comme travaux effectifs, ce budget formidable ?... C’est assez douteux.

Or les projets allemands actuels concernant la navigation intérieure, projets dont plusieurs sont actuellement en voie de réalisation, constituent un remaniement à peu près complet de l’Europe centrale.

La défaite a interdit aux Allemands la mainmise sur Anvers et Dunkerque. Cet échec capital doit être réparé du mieux passible : on s’y emploie en essayant de pénétrera nouveau officieusement sur le marché anversois et dans le port belge, en essayant aussi d’envenimer toutes les discussions d’intérêt qui peuvent mettre aux prises les ports français et les ports belges à propos des surtaxes d’entrepôt, du service de Strasbourg, de la navigation du Rhin. Si les Belges et les Français pouvaient cesser de s’entendre, ce serait un bénéfice appréciable pour l’Allemagne, et les organismes allemands de propagande, profitant des moindres maladresses, des moindres polémiques de presse, attisent soigneusement les controverses d’intérêt trop facilement nées entre le Havre et Anvers par exemple.

Mais ce procédé sournois ne pouvant donner rapidement les résultats escomptés, il a fallu trouver autre chose. Et c’est ici qu’est intervenue la modification du plan primitif.

Le plan, dans sa forme définitive, peut se résumer ainsi qu’il suit.