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le mark-papier tombé à un sou, une somme atteignant en effet environ 51 milliards de marks-papier, et que, en sus des projets énumérés, il y a lieu d’accorder une somme de 1 177 millions de marks-papier à l’exécution du canal latéral à la Lippe et à celle du canal Ems-Hunte. Au total, le Reich, les Etats et les Sociétés particulières envisageaient une dépense équivalente à 51 milliards environ, ainsi que je l’indiquais au début de cet article.

A l’heure présente, les travaux en cours d’exécution et les projets dont la réalisation est imminente représentent une longueur de plus de 2 000 kilomètres et une dépense engagée, ou sur le point d’être engagée, équivalente à 43 milliards et 600 millions de marks-papier calculés sur ce même taux.

En outre, le programme de Travaux publics prévoit d’autres travaux supplémentaires, dont certains sont déjà en cours d’exécution : par exemple l’agrandissement du canal de Kiel, l’amélioration de l’embouchure de l’Oder, du canal Oder-Sprée et de l’Oder lui-même en aval de Breslau, l’aménagement du Pregel et du canal Hunte-Ems.

En fait, nous nous trouvons, non plus en face d’un programme ordinaire de Travaux publics, tel qu’en conçoivent normalement les Etats souverains, mais bien en présence d’une transformation complète et profonde de l’outillage allemand sur toute l’étendue du territoire, avec raccordements en Suisse, Autriche et Russie. Jamais pareille tentative n’a été esquissée en Europe : c’est un remaniement complet de la carte, en violation audacieuse de toutes les conditions orographiques et hydrographiques naturelles.

Si l’Allemagne arrive à réaliser ses projets, elle se trouvera en possession du plus prodigieux réseau de voies navigables organisées qui soit au monde, avec appui de tout un jeu d’usines hydro-électriques fournissant une puissance énorme en HP. à toutes les industries germaniques. Ce réseau formera un lacis de canaux et de rivières canalisées, avec nœuds de confluents multipliés, qui couvrira tout l’Empire de l’Est à l’Ouest et du Nord au Sud, sans une interruption. Toutes ces voies navigables permettront la circulation normale de bateaux jaugeant une moyenne de 1 000 tonnes, — c’est-à-dire de bateaux présentant une capacité trois fois supérieure à celle que présentent les chalands en usage sur les voies françaises.