demeurent propriétaires des droits qu’ils peuvent avoir acquis sur certaines de ces installations, mais sous la réserve qu’ils paieront toutes redevances au seul Reich directement.
Cette prise de possession entraîne une organisation financière dont voici le mécanisme. Le Reich paie aux Etats ainsi dépossédés une indemnité ; le montant de cette indemnité est fixé à une somme forfaitaire représentant 30 pour 100 des sommes que chaque Etat peut avoir dépensées depuis une période de cent années pour construire, améliorer, développer et entretenir les voies ou parties de voies de navigation dont il cède la propriété pleine et entière au Reich. Une estimation a été déjà esquissée : on a calculé que, au cours de la période allant de 1921 jusqu’à 1919, les États allemands avaient été amenés à débourser une somme totale atteignant environ 1 457 millions de marks calculée au taux d’avant-guerre bien entendu. En outre, l’année 1920-1921 aurait vu 396 millions de marks affectés par les États à la construction et à l’entretien de diverses canalisations : cependant, sur ce dernier budget, une défalcation doit être faite, car 193 millions de marks ont été attribués aux travaux du Mittelland-Kanal ; et, en ce qui concerne celui-ci, le Reich a pris l’engagement de contribuer, non pas au tiers des dépenses, mais bien aux deux tiers. Cette série d’opérations achevées, on a trouvé que le Reich était redevable d’une somme de 628 millions de marks au bénéfice des Etats. Et, immédiatement, le budget de 1922 a comporté deux crédits : d’abord une première somme de 85 376 000 marks destinés à constituer le premier versement effectué afin d’éteindre cette dette, et ensuite un versement de 25 millions de marks qui se trouvent représenter les intérêts des sommes non payées.
Qui ne voit à quel point cette saisie financière, avec toutes ses conséquences, contribue à renforcer l’unité nationale de l’Allemagne, en créant et remettant aux administrations centrales de la République allemande un organisme étrangement puissant ? En fait, le Reich devient le propriétaire absolu de toute la circulation intérieure germanique : ce monopole énorme lui confère une puissance quasi absolue sur la vie économique intérieure de l’Allemagne nouvelle. La navigation intérieure constitue une manière de réseau jeté par la République sur les États qui représentent l’ancien Empire.
La nouvelle Unité allemande a pour ciment tout-puissant