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A PROPOS DES FÊTES DE POSSAGNO

CANOVA
ET
LE RETOUR A L’ANTIQUE

« Canova a eu le courage de ne pas copier les Grecs et d’inventer une Beauté, comme avaient fait les Grecs. Quel chagrin pour les pédants ! Aussi l’insulteront-ils encore cinquante ans après sa mort et sa gloire n’en croitra que plus vite... » Nous voici à l’autre bout du siècle dont Stendhal assignait le milieu aux « pédants » et aux « insulteurs » de celui qu’on appelait couramment le « Phidias moderne, » au temps où l’auteur des Promenades dans Rome, de Rome, Naples, Florence, critique d’art et même « salonier » (1824) à ses moments perdus, lui faisait nue si belle part dans ses admirations capricieuses. On serait assez embarrassé de préciser à quels « pédants » il en avait ce jour-là On était aux premières mêlées de la grande bataille romantique. Stendhal lui-même demandait une « sculpture nouvelle, » celle qui oserait exprimer les passions, « si toutefois les passions lui conviennent, » et, par exemple, évoquerait dans le marbre ou le bronze : Tancrède portant la tête de Clorinde (thème très peu canovien assurément), ou encore Napoléon contemplant la mer du rocher de Sainte-Hélène. Sans doute visait-il surtout les critiques allemands, grands abstracteurs de quintessence, théoriciens de l’idéal (tel ce Fernow, Suédois de naissance, mais tout Allemand de culture et de langue, qui dans ses Römische Studien (1806) avait pris à parti le classicisme à son gré insuffisant de