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sont le docteur Geley et le baron allemand Schrenk-Notzing, auxquels il faut ajouter le docteur Crawford dont nous étudierons ultérieurement les conclusions. D’après le docteur Geley, l’ectoplasme émane en général de la tête du médium sous forme de nodosités, de rubans, de franges de différentes couleurs. Quelquefois il est rigide et quelquefois mou et élastique ; et toujours il se rétracte lorsqu’on veut le toucher. Avec ses médiums et principalement avec le médium Franck Kluski, le docteur Geley assure avoir non seulement vu l’ectoplasme sous forme de membres matérialisés, mais en avoir fait des moulages. Nous reviendrons sur ce point essentiel.

Pour l’instant, continuant l’examen des remarques de M. James Black, nous observerons que les ectoplasmes observés par le docteur Crawford, contrairement à ceux du docteur Geley, émanaient de la partie inférieure seulement du corps de son médium, donnaient des coups sur le plancher, déplaçaient et soulevaient les tables, et portaient même parfois des coups violents dans les respectables côtes du professeur Crawford lui-même. Les ectoplasmes du docteur Geley étaient infiniment moins brutaux et mieux élevés, puisqu’ils consentaient, lorsque le docteur le leur demandait, à venir docilement se plonger dans un bain de paraffine préparé à cet effet, afin de s’y mouler.

L’ectoplasme du docteur Geley est lumineux et visible et l’effet de la lumière est de le faire résorber instantanément dans le corps du médium. Mais Crawford, dans ses 87 expériences, n’a jamais vu l’ectoplasme et pour lui il n’est ni lumineux, ni phosphorescent, ni fluorescent. Crawford et Conan Doyle (car l’illustre écrivain anglais fait partie des hommes éminents qui croient dur comme fer à l’ecto- plasme) sont d’accord pour affirmer que la mystérieuse substance se résorbe instantanément à la lumière. Cette instantanéité ne doit pourtant pas être parfaite, puisque Geley et Schrenk-Notzing ont, à ce qu’ils assurent, photographié l’ectoplasme au magnésium.

Des contradictions encore plus graves paraissent ressortir, dans l’opinion de M. James Black, de l’analyse même de la substance ectoplasmique. Geley assure que la substance ne peut pas être analysée, car en en détachant un fragment, on blesserait grièvement et on tuerait peut-être celui-ci [1]. Pourtant Schrenk-Notzing donne une analyse

  1. La lecture des innombrables publications que je me suis fait un devoir, — parfois peu divertissant, — de lire au sujet de l’ectoplasme, m’a pourtant convaincu qu’on n’a jamais cité le cas d’un seul médium qui ait été blessé si peu que ce soit, parce qu’on avait touché ou voulu détacher un fragment de l’ectoplasme. On peut donc se demander sur quoi le docteur Geley appuie son affirmation.