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(il ne nous dit pas que le médium ait été le moins du monde tué ni blessé par le prélèvement nécessaire à cette analyse ; c’est peut-être, après tout, parce qu’on ne se vante pas d’un crime). De cette analyse il ressort que la substance serait formée d’une matière cellulaire telle, que celle qu’on trouve dans la bouche et la gorge. Stanley de Brathe, le traducteur du livre de Galey (je cite M. James Black), nous dit que d’après l’analyse, on trouve 50 pour 100 d’eau, du soufre et de l’albumine el il donne la formule chimique de l’ectoplasme comme étant à peu près C120 A1134 Az218 S5 O249. Cette formule représente quelque chose de très net pour un chimiste, mais, ajoute M. James Black, « il n’appellera pas ce corps ectoplasme. » On peut d’ailleurs remarquer à ce propos que ces données supposées un instant exactes, battent fortement en brèche la théorie spiritualiste, — j’emploie ce mot pour ne blesser personne, — de l’ectoplasme et ramènent celui-ci en plein matérialisme. Lebiedeinski, un métapsychiste polonais, a donné des analyses de la substance ectoplasmique d’où il ressort que celle-ci serait formée de graisses et de matière cellulaire humaine, et offrirait une apparence semblable à celle du blanc d’œuf battu. Enfin Conan Doyle nous assure que la science ne connaît absolument rien au sujet de l’ectoplasme, et ajoute aussitôt que l’analyse prouve qu’il est composé de carbonates, de phosphates et d’autres corps inconnus ! !

Et poursuivant son impitoyable discussion, M. James Black se croit fondé à conclure : « Un esprit logique et scientifique est absolument incapable d’imaginer qu’un tel amas de données contradictoires puisse passer sous le nom d’évidence scientifique. Essayez d’imaginer une substance qui se dissout dans la lumière et ne s’y dissout pas ; qui peut être analysée et ne peut pas être analysée ; mais qui, lorsqu’on l’a analysée, se trouve consister en un groupement d’éléments, et aussi en plusieurs autres groupements absolument différents ; qui recule et se résorbe devant tout contact, mais qui soulève les tables et les chaises ; dont la science ne sait rien, mais dont bien vite elle nous dit tout. Sir Arthur Conan Doyle remarquait récemment que les savants et les psychologues sont « scandaleusement sceptique au sujet de l’ectoplasme. » Ne siérait-il pas aussi de parler d’une scandaleuse crédulité ? »

Et M. James Black synthétise ainsi sa manière de voir : « Aucune de ces investigations n’a été conduite d’une manière le moins du monde scientifique. N’importe quel étudiant en science serait excusable de considérer que l’ectoplasme, — étant donné la nature des