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faire avec éclat ses premières armes dans la politique pratique. A côté d’eux, M. Noblemaire que son état de santé a éloigné de la tribune, mais dont la compétence financière a été précieuse à la Commission du budget, M. Reynald qui a exercé avec succès son activité dans les questions techniques, M. Joseph Barthélémy qui joint à la science juridique la plus sûre l’art de la présenter sous la forme la plus attrayante, tant d’autres enfin, diplomates, conseillers techniques, juristes, qu’il faudrait nommer tous.

Les travaux de l’Assemblée s’ouvrent, — c’est déjà une tradition, — par la discussion du rapport du Conseil ; c’est l’équivalent d’une interpellation sur la politique générale ; on y essaye des idées neuves, on y esquisse des manœuvres subtiles ; à ce jeu excelle l’esprit généreux et chimérique de lord Robert Cecil, délégué de l’Afrique du Sud. Cette année, dans la plupart des discours, revenait, comme une sorte de leit motiv convenu, la formule « la Société doit être universelle. » Entendez : l’heure est venue d’admettre l’Allemagne. M. Lloyd George l’avait annoncé à plusieurs reprises, non sans fracas ; le projet flottait à l’état diffus dans l’atmosphère de Genève. Et pourtant la question ne fut pas posée. M. Hanotaux, dans le discours du 9 septembre où if définit l’œuvre, l’esprit et les méthodes de la Société, — « discours dont tous les mots devraient être gravés sur la pierre, » a dit un délégué roumain, — s’était, très simplement, exprimé ainsi : «... L’ambiance est désormais créée. Cette ambiance, c’est la fidélité au Pacte, le respect des engagements, la volonté sincère de se subordonner, par le seul fait que l’on prend place ici, à la volonté pacifique qui plane au-dessus de cette Assemblée. Reportons nous au Pacte ; car cet esprit émane de lui et il le définit lui-même en son article premier : « Tout État, Dominion ou Colonie, qui se gouverne librement, peut devenir membre de la Société si son admission est prononcée par les deux tiers de l’Assemblée, pourvu qu’il donne des garanties effectives de son intention sincère d’observer ses engagements internationaux et qu’il accepte le règlement établi par la Société, etc. » Tout est là tout est exprimé en ces quelques lignes. Que prévoient-elles ? Qu’exigent-elles ? La fidélité, la sincérité. Voilà le souffle qui vous anime et qui vous emporte vers vos hautes destinées. Ainsi s’est créée l’ambiance dont je parlais tout à l’heure. Le ferme propos d’observer la loi du Pacte et des engagements internationaux, le serment prêté librement et devant vous, citoyens d’Étals libres, représentants d’États pacifiques, lie à jamais les consciences : un tel serment n’est prêté que par ceux qui se sentent