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Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 12.djvu/368

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finie. Cinq ans plus tard, poussé à la mairie de Dijon par l’amitié confiante du jeune prince de Condé, nouveau gouverneur de la province, il est, en 1647-1648, élu et réélu « vicomte maieur. » Le voilà aux prises avec les difficultés graves que son père et son frère Bénigne avaient éprouvées. D’abord c’est la Fronde parlementaire à laquelle il s’oppose résolument, d’accord à ce moment avec Condé. Il ne veut pas « que le mal de Paris se puisse glisser à Dijon, » comme il le dit, d’un accent de fierté provinciale. Il stimule les énergies sans doute ébranlées par la défection du premier président Bouchu. Il répond à la Reine-mère et au Cardinal Mazarin de la fidélité de ses administrés. Au Parlement de Paris qui veut le gagner, il renvoie ses lettres sans les lire, et comme les officiers frondeurs tiennent la citadelle de Dijon, il interdit aux habitants de communiquer avec eux « sous peine de mort. » Seulement, l’année suivante, c’est Condé, son protecteur, qui à son tour s’insurge. Claude se sépare de lui, reste aux côtés de Millotet, l’agent si actif de la royauté en Bourgogne, et lorsque le jeune roi vient en personne, accompagné de Mazarin, achever la soumission de la province, à commencer par celle de Seurre, où Tavannes et Boutteville, partisans de Condé, sont toujours-maîtres, Claude, en sa qualité d’originaire de la petite cité turbulente, est pris pour arbitre. Et le vieux juge s’en va « parlementer » parmi ces avant-postes de guerre civile.

Or, c’est chez cet homme, qui, en 1638, n’est encore qu’un magistrat grave, mais qui allait se révéler bientôt homme de courage et d’exécution, c’est chez lui que Jacques Bénigne et Antoine son frère habitent plus de quatre années durant. Hôte qui est un tuteur pour eux, au moins pour Jacques Bénigne, qu’il « prend en affection. » Car ce citoyen est un « homme de lettres, » le mot est de l’abbé Le Dieu, qui donne en son Mémoire, d’après Bossuet sans doute, tous ces détails. Il a lui aussi une bibliothèque, où, avant même, ce semble, que le père n’eût quitté Dijon, il admettait l’enfant, et, voyant ses qualités d’esprit naissantes, « s’efforçait de lui faire aimer les livres. » Il se plaisait à lui « voir apprendre, » à lui entendre « réciter indéfiniment des vers de Virgile. » Et, comme rapporte Le Dieu, « le neveu faisait les délices de l’oncle. » Même, cette tutelle souriante va-t-elle un peu plus loin que les études ? Quand Claude eut appris que le régent de rhétorique du collège