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plus d’argent qu’elle n’en recevait du chef des intérêts qui lui étaient dus sur ses placements antérieurs. La dette du monde vis-à-vis du Royaume-Uni croissait régulièrement. »

Inversement, pendant la dernière guerre, les Anglais ont eu besoin d’importer des quantités prodigieuses de marchandises américaines : ils les ont payées au moyen de la vente de titres, ce qui a permis aux Américains de racheter leur dette en un très court espace de temps. Sans cette circonstance, le rachat n’aurait pu se faire qu’en une longue période. M. Mac Kenna considère que, jusqu’ici, on n’a pas bien compris les véritables conditions dans lesquelles se font les paiements internationaux : cette science doit s’acquérir. C’est ainsi que jadis on ignorait les lois qui gouvernent le mouvement des banques, et l’on croyait inévitable le retour périodique de crises qui peuvent être écartées aujourd’hui. « L’Allemagne, répète-t-il en manière de conclusion, ne peut payer que jusqu’à concurrence de ce qu’elle possède de crédits à l’étranger. »


II

Je me suis efforcé de reproduire fidèlement l’argumentation de M. Mac Kenna ; elle repose tout entière sur une même idée, reprise vingt fois au cours de sa communication et érigée par lui en axiome, à savoir qu’une nation ne peut payer ses créanciers étrangers qu’au moyen de ressources préalablement accumulées par elle en dehors de ses frontières.

Or, raisonner de la sorte, c’est dénaturer le problème, en le réduisant à des termes qui ne correspondent pas à la réalité. Nous ne voyons pas pourquoi une nation débitrice ne pourrait pas abandonner à ses créanciers une partie de sa richesse intérieure. Ceux qui le nient ne tiennent compte ni du temps, ni de ce facteur économique qui s’appelle le crédit. Le Traité de Versailles et l’état de paiements du 5 mai 1921 reposent sur cette double conception : ils ont prévu des créations de titres, dont l’Allemagne n’a qu’à assurer le service annuel, ce qui transforme le fardeau, d’apparence énorme au premier abord, de 132 milliards de marks-or, en une annuité qui n’a rien d’excessif. Bien mieux : les obligations A et B, les seules qui aient été créées, ne forment qu’un total de 50 milliards de marks-or, dont l’annuité représente 3 milliards de marks-or, à