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peu près la somme que l’Allemagne dépensait en 1913 pour ses armements terrestres et maritimes.

Il suffirait, pour assurer le transfert immédiat de ce capital, de rendre négociables les obligations A et B. Pour y arriver, il faut en faire un placement attrayant dans le monde entier. Il faut, en premier lieu, affecter à leur service les garanties, que le Traité de Versailles a prévues pour les créances des Alliés et que ceux-ci attribueraient volontiers à un emprunt dont le produit leur serait versé. Il conviendra ensuite de faire à ces titres une situation fiscale privilégiée, de les exempter de tous impôts sur le revenu et de droits de succession. Cette exemption ne devra pas seulement être accordée par l’Allemagne et en Allemagne, mais aussi par les nations intéressées au succès de l’opération, c’est-à-dire les belligérants et même les neutres. Ces derniers, tout en souffrant de maux différents de ceux qui atteignent les autres pays, ressentent cruellement les effets de la situation actuelle. Il suffit de citer la Hollande, où le déficit budgétaire est égal au montant total du budget d’avant-guerre et où les impôts directs ont atteint des taux excessifs.

Les avantages ainsi assurés aux obligations allemandes seraient tels qu’elles se placeraient à un taux relativement bas, 5, peut-être 4 1/2 pour 100. Cette supposition n’est pas invraisemblable, quand on songe au niveau auquel ont été portés l’impôt sur le revenu et les droits de succession chez beaucoup de peuples. La suppression de cette double amputation rendrait le titre attrayant pour les capitalistes, petits et grands, à la recherche d’un placement donnant un revenu fixe, soustrait au péril de devenir un revenu variable et décroissant ; car le taux du prélèvement fiscal se modifie souvent, et, neuf fois sur dix, dans le sens de l’augmentation. Les exemptions constitueraient une faveur consentie par les nations étrangères à l’Allemagne, ainsi mise en mesure d’emprunter à un taux inespéré pour elle. Mais les effets d’une restauration du crédit germanique seraient tels sur l’ensemble de l’économie mondiale, que chacun y a intérêt.

Nous trouvons, dans cette faculté laissée à l’Allemagne de payer une partie de sa dette au moyen de titres de rente, une réponse péremptoire aux arguments de M. Mac Kenna. Les sommes que les Allemands possèdent d’ores et déjà hors de leurs frontières suffisent à assurer le service des obligations A