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des billets à cours forcé correspond mathématiquement leur dépréciation.

Cette chute bouleverse à chaque minute les éléments de la vie économique du pays et entraine des conséquences de la plus haute gravité, mais elle n’atteint pas les fondements de la richesse nationale. Le sol arable, les forêts, les maisons, les voies navigables, les chemins de fer, l’outillage électrique, les manufactures, les mines subsistent, que le mark vaille un dixième de centime ou qu’il retrouve son ancien cours de I franc 25 centimes.


III

Une pareille solution des difficultés qui ont retardé le règlement des réparations nous paraît devoir être sérieusement envisagée. Elle se rapproche du plan que développait devant la Chambre, le 20 octobre dernier, M. Paul Reynaud. On a été hypnotisé jusqu’ici par la recherche des moyens de fournir à l’Allemagne des instruments de paiement hors de ses frontières. Ses nationaux en possèdent pour des sommes considérables, qui, à elles seules, seraient suffisantes pour assurer pendant plusieurs années le service des obligations A et B créées en vertu du traité de Versailles. Mais, faisant abstraction de ce côté du problème, qui est cependant bien digne d’être considéré, nous estimons que le transfert aux créanciers alliés d’une partie de la fortune allemande peut et doit se faire dans la forme indiquée par nous.

Il y a là une perspective de règlement amiable qui permettrait de passer d’un état de tension et de discussions incessantes entre les Alliés et l’Allemagne à un régime de collaboration pacifique. Pour y arriver, il faut évidemment que nos ex-ennemis aient le désir de ne pas se soustraire indéfiniment à l’exécution de leurs engagements. Le jour où nous leur offririons un accord qui liquiderait le passé et déblaierait l’avenir, il y aurait peut-être assez de gens raisonnables de l’autre côté du Rhin pour terminer ainsi la question des réparations.

On parle beaucoup des règlements en nature. M. Loucheur à Wiesbaden, M. de Lubersac dans ses tractations avec Hugo Stinnes ont cherché à faciliter aux Allemands la liquidation de leur dette. Des valeurs mobilières sont un moyen de paiement autrement perfectionné que des briques et des verres à