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suivant l’expression même de Pasteur, il y entrait en « vaincu du temps. » Pendant quelques années, il suivit les travaux de ceux qui faisaient du mieux qu’ils pouvaient pour que la maison ne fût pas indigne du nom de son fondateur. Le 28 septembre 1895, dans une modeste chambre du domaine de Villeneuve-l’Etang, mis à sa disposition par l’Etat pour ses recherches sur la rage, il finissait une vie étonnante par le nombre et la grandeur des découvertes dont elle est remplie.


L’œuvre de Pasteur (opus Pastorianum) ne s’est pas terminée avec lui, elle est continuée dans tous les pays par des savants qu’elle inspire, et l’on peut dire que parmi les découvertes modernes en chimie, en physiologie, en médecine, en agriculture, beaucoup sont filles de son génie.

Des études de Pasteur sur les relations entre la forme cristalline et les propriétés des corps est née la stéréochimie qui prit son essor avec Le Bel et Vant’hof. Les recherches sur les fermentations et les générations dites spontanées, en nous permettant de cultiver, avec pureté, des organismes unicellulaires, nous ont plus appris sur la physiologie cellulaire que tout ce qui avait été fait auparavant. Les cultures microbiennes ont préparé celle des tissus animaux que l’on réussit aujourd’hui et qui nous ouvrent de belles espérances. Les connaissances que nous avons actuellement sur la nutrition des cellules n’auraient pu être acquises sans la méthode des cultures pures que l’on a même étendues jusqu’aux végétaux supérieurs. La physiologie de la digestion a été refaite, d’une manière rigoureuse, en écartant l’action des microbes, négligée par les expérimentateurs de la période pré-pasteurienne. Aucun physiologiste ne saurait faire d’expériences précises, s’il ignore la technique bactériologique. Les microbes sont grands producteurs de diastase, et depuis l’avènement de la microbie, l’étude des ferments non figurés prend chaque jour plus d’importance.

S’ils ont été bien choisis, les microbes démolissent les substances organiques complexes, avec une délicatesse étrangère aux réactions chimiques ordinaires, et dévoilent ainsi leur structure. La connaissance des poisons microbiens date de l’expérience de Pasteur sur l’action qu’exerce une culture du microbe du choléra des poules, privée des corps microbiens par filtration