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Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 7.djvu/119

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LES CYCLADES

Les Cyclades !... Le beau nom, tout brillant d’azur et de lumière ! Rien qu’à le prononcer, on voit surgir des villes blanches au fond de baies rocheuses et solitaires, on entend le choc du flot contre les promontoires et le rejaillissement de l’écume autour des écueils, tandis qu’au loin les plaines onduleuses de la mer violacée resplendissent. On les voit, ces îles merveilleuses, berceau des récits légendaires et des plus belles images qui aient enchanté les yeux des hommes d’Occident, — on les voit s’égrener sur l’eau molle et bleue de l’archipel, comme un collier rompu, dont les pendentifs s’abaissent vers la grande île de Crète, sorte de continent hybride qui tient à la fois de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique. Leurs noms seuls composent une litanie aux syllabes sonores et évocatrices : Kéos, Kinthos, Sériphos, Siphnos, Milo dont les plages ont abrité le sommeil de la miraculeuse Aphrodite, Sikinos, Amorgos, patrie de Simonide et des riches tuniques aux fleurs peintes, Naxos où, le long des grèves désolées, Ariane se lamente, Paros, pleine de marbres et de sculpteurs, Syros, Mikonos, Délos-la-pierreuse où, parmi le foisonnement des palais et des sanctuaires, se dressait le palmier d’or d’Apollon, Tinos, Andros, Théra, ceinte du bouillonnement de ses eaux sulfureuses et dont les hautes falaises se penchent sur l’entonnoir de ses cratères éteints... terres lumineuses et âpres au-dessus desquelles planent encore des silhouettes olympiennes ou héroïques : la Vénus et le Poséidon de Milo, l’Hermès d’Andros, le Diadumène de Délos, jeune homme presque divin...