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FRANCE ET POLOGNE
DANS L’EUROPE DE DEMAIN

C’est l’Allemagne qui a voulu et déclenché, à l’heure qui lui convenait, la Grande Guerre, des suites de laquelle la vie économique du monde entier est encore ébranlée, sans parler des ruines accumulées, des vies humaines sacrifiées par millions, à cause de cette guerre. Par suite des intrigues allemandes, le bolchévisme a pu s’installer en Russie, et s’y maintenir après la paix de Brest-Litowsk, malgré les répugnances de l’énorme majorité du peuple russe, aujourd’hui livré à la misère, à la famine et aux épidémies.

Le danger du militarisme prussien auquel s’était inféodée l’Allemagne tout entière, celle du Nord comme celle du Sud, celle du Kaiser comme celle de l’ouvrier et du paysan, ce danger est-il aujourd’hui définitivement écarté ?

Certes, la Révolution qui a précédé l’armistice du 11 novembre 1918, a singulièrement détendu le ressort de la discipline allemande. Les Commissions de contrôle ont démoli 32 000 canons, des centaines de milliers de fusils, des dizaines de milliers de mitrailleuses, des quantités considérables de munitions, plusieurs milliers d’avions et de moteurs ; la flotte de guerre a été remise à l’Angleterre dès l’armistice ; les sous-marins en construction ont été détruits, les navires de commerce de plus de 1 600 tonnes ont été livrés aux Alliés.

Cela constitue actuellement une garantie de paix.

Mais si l’âme de l’Allemagne ne change pas, si cette âme reste altérée de domination et de désir du gain, cette garantie