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LES AGENTS ROYALISTES EN FRANCE
AU TEMPS DE LA RÉVOLUTION ET DE L’EMPIRE

L’AFFAIRE PERLET

II[1]
L’AGENCE ROYALE

David Monnier et Botot, flairant en Fauche-Borel un songe-creux gonflé de prétentions plutôt qu’un dangereux conspirateur, jugèrent que ce naïf ne valait pas d’être arrêté : il serait plus utile d’entretenir une correspondance avec ce prolixe agent des Princes que de l’envoyer à Cayenne : ils lui procurèrent donc un passe-port au nom de Louis Frédéric Borelly, en lui laissant entendre, pour mieux l’amorcer, que cette faveur lui était accordée par Barras en personne, « comme preuve de ses dispositions franches et loyales. » Pour faciliter sa sortie de Paris, Monnier l’accompagna même, « en vertu d’un ordre spécial, » jusqu’à Charenton, lui fit promettre qu’on s’écrirait et accepta une traite de 7 200 francs que le libraire lui glissa dans la main avec sa magnificence habituelle. Cinq jours plus tard, Fauche passait la frontière, arrivait, de nuit, à Neuchâtel, où sa femme et ses enfants le pleuraient, le bruit de son arrestation et de son exécution s’étant répandu en même temps qu’on apprenait en Suisse les événements de Paris. Mais il ne séjourna

  1. Voyez la Revue du 1er janvier.