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auxiliaire, pour ses rapports quotidiens avec Raspoutine, le colonel d’artillerie Maltzew, qui est, d’autre part, préposé à la défense aérienne de Tsarskoïé-Sélo.

Pour les commissions intimes, l’Impératrice emploie d’habitude une jeune religieuse, attachée à l’hôpital militaire du Palais, la sœur Akilina.

Il y a quelques années, cette nonne résidait au couvent d’Okhtaï, qui s’abrite dans les forêts de l’Oural, non loin d’Ekaterinbourg. D’origine paysanne et de santé robuste, elle manifesta un jour des troubles étranges, qui s’aggravèrent bientôt en devenant périodiques. Sous le regard de ses compagnes atterrées, elle éprouvait tour à tour des accès convulsifs, des extases délirantes, des sensations effroyables ; on vit ainsi apparaître en elle tous les signes de la possession démoniaque. C’est pendant une de ces crises qu’elle connut Raspoutine. Voyageant alors en pèlerin, en strannik, à travers l’Oural, il vint un soir demander l’hospitalité au couvent d’Okhtaï. On l’accueillit comme un messager providentiel et on l’amena immédiatement auprès de la pauvre possédée, qui se débattait contre les assauts torturants de l’Esprit infernal. Resté seul avec elle, il l’exorcisa en quelques minutes, par une adjuration si impérative et compulsive, que le Diable n’osa plus jamais la toucher. Depuis cette délivrance, la sœur Akilina s’est vouée de toute son âme au staretz.


MAURICE PALÉOLOGUE.