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Qu’à l’ombre des rameaux dont sa tombe est ornée,
Votre voix familière enchante son exil !
Dites-lui la douceur le ce nouvel avril,
Et comme l’aubépine est blanche cette année !

II


Vous me suivez partout, printemps insidieux.
Et vos charmes toujours irritent mon supplice ?
Vos jardins, votre ciel revivent dans mes yeux.
Sous les arbres en fleurs je revois Bérénice.
Mais ce n’est pas en vain que le dieu de l’amour,
Printemps, fougueux printemps, inéluctable ivresse,
Pour ses jeux déchirants choisit votre retour.
Sur les bords qu’une mer étrangère caresse.
Ma tendre Bérénice, apaise enfin tes pleurs !
Comme tu l’avais dit, ta vengeance m’accable.
Vois : tu peux triompher au sein de tes douleurs.
Trop rapides instants ! Ah ! que je fus coupable
D’éloigner, pour l’empire et le lustre romain.
Tandis que près de moi tu respirais encore.
L’amour qui ne reviendra plus sur mon chemin.
L’Achéron n’éteint pas le feu qui me dévore.
Peut-être mes soupirs arrivent jusqu’à toi.
Douce et mélancolique, et toujours aussi belle,
Tu sens, en m’écoutant, renaître ton émoi.
Quel penser t’accompagne en cette heure nouvelle ?
Vois-tu nos jours anciens briller sur l’horizon ?
A mes tristes regards offre encor ton visage.
Montre-moi ton pays, tes dieux et ta maison.
Que, pour mieux t’évoquer, j’en retienne l’image.
Et que je te possède et ne te quitte plus,
Et, si déjà la Parque a tranché ma jeunesse.
Les jours longs et fervents que je n’ai pas vécus,
Permets que dans un rêve au moins je les connaisse !

III


Sous d’étranges rayons l’eau morte a palpité.
Quelles nouvelles fleurs dans ces lieux vont éclore ?