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publions plus loin va la satisfaire en partie ; mais, pour mieux en comprendre le sens et la portée, il n’est pas inutile de lire, d’abord, ces quelques notes.

Louis-Nicolas Périolas naquit, le 23 octobre 1785, à Tournon (Ardèche), d’une famille d’ingénieurs des Travaux publics du Vivarais. Il fit ses études au célèbre collège des Oratoriens de sa ville natale, devenu Ecole centrale sous le Directoire. Nous savons même que ce futur guerrier y remporta en l’an IX un accessit de grammaire et un prix d’histoire qu’il vint recevoir le 28 fructidor, vêtu de neuf et « les cheveux bien poudrés, en présence de la plus belle assemblée. »

Son père, inspecteur des ponts et chemins du Vivarais, devint officier du génie en l’an III, fit campagne sous l’Empire, principalement en Italie, avec le prince Eugène et, directeur des ponts sur pilotis de la Grande armée, mourut à Dantzig en 1813. Son frère cadet, Michel, fut aussi militaire, débuta dans l’armée comme vélite et « est péri, » nous dit un certificat de 1815, » dans les dernières guerres d’Espagne. »

Notre Périolas entra à dix-huit ans au service, comme lieutenant de 2e classe dans l’armée italienne. Successivement sapeur, artilleur à pied, artilleur à cheval, il parcourut l’Italie, la Dalmatie, l’Allemagne, le Tyrol, la Russie, prit part au siège de Raab, où il fut décoré et assista à dix-huit batailles, dont Caldiero, Wagram, Ostrovno, la Moskowa. Quels souvenirs ! Mis en non-activité à la chute de l’Empire, il reprend du service aux Cent-Jours, est remis en non-activité après Waterloo, puis rappelé à l’activité au 3e régiment d’artillerie à pied de Valence, comme capitaine, et en 1820 nommé capitaine instructeur d’artillerie à Saint-Cyr. C’est là que, huit ans après, Balzac le rencontra : Balzac avait vingt-neuf ans, Périolas quarante-trois.

Au physique, le capitaine était d’une taille au-dessus de la moyenne et d’une figure si impassible et si belle que ses élèves en gardèrent un ineffaçable souvenir. » Froid et réfléchi, calme et ferme, quelquefois un peu roide, quoique soumis, d’une grande instruction théorique, connaissant à fond toutes les manœuvres, parlant l’allemand et l’italien, » ainsi le notent ses inspecteurs. Ajoutons, pour compléter le portrait, que Périolas, en dehors du service, n’était pas ennemi de la plaisanterie, même la plus salée. Mais Balzac n’était-il pas semblablement