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II
Balzac à Périolas.


Paris, 1, rue Cassini, 13 (?) février 1832.

Mon cher capitaine,

J’ai le manuscrit depuis 6 jours ; mais, en conscience, je ne puis pas le lire ; pour nous tirer d’affaire, j’irai probablement dimanche (19 février) à Saint-Cyr ; l’on me contera en dix minutes le roman, et vous ne me laisserez pas partir sans vous donner la préface ; seulement, écrivez-moi si je puis trouver une écurie pour mon cheval auquel je tiens à cause du prix de ce susdit lapin.

Tout à vous de cœur,


BALZAC.


III
Périolas à Balzac.


Saint-Cyr, 14 février (1832).

L’expédient est parfaitement combiné, mon cher monsieur Honoré, décidément je vous attends sans faute dimanche 19. Je ferai en sorte que vous trouviez M. Dupac, préparé à vous insinuer avec sentiment et solennité les beautés capitales du Roman, puis vous donnerez votre bénédiction à l’œuvre et votre tâche sera accomplie, mais au nom de Dieu, ou plutôt de la légitimité [1], arrangez-vous de manière que mon programme n’ait pas le sort malencontreux de celui de l’Hôtel de Ville [2].

Soyez sans inquiétude à l’égard de votre monture : elle sera traitée confortablement.

Quant à vous, ma foi ! il faut vous attendre aux privations, au malaise d’une vraie garçonnière, mais je vous procurerai un excellent journal.

Je compte sur vous et suis votre dévoué,


PÉRIOLAS.

  1. Allusion aux sentiments carlistes de Balzac, qui fut en 1832 un ardent champion de la duchesse de Berry.
  2. Allusion au fameux programme promis aux insurgés par La Fayette, à l’Hôtel de Ville, le 30 juillet 1830 et que Louis-Philippe n’exécuta point. On a dit depuis : « Menteur comme un programme. »