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IV
Balzac à Périolas.


Paris, 1, rue Cassini (avant le 20 mai 1832).

Mon cher capitaine,

Attendez-vous à me voir tomber chez vous comme un aérolithe, un des jours de la semaine prochaine, — et si vous avez quelque souci de la littérature et de ses progrès, ayez la bonté de rechercher qui dans les hommes, les livres, les choses, les souvenirs, dans vos amis, etc., peut me donner les meilleures réponses à mille questions que j’ai à faire, à mille recherches sur la bataille de Wagram, — rassemblez vos souvenirs et croyez à l’amitié bien sincère et dévouée de votre serviteur


HONORÉ.


V
Périolas à Balzac.


Saint-Cyr, le 21 mai (1832).

Je vous ai attendu hier toute la journée, et c’est fort mal à vous de m’avoir fait ainsi bonne bouche, puis de m’avoir laissé là sans parfaire la jouissance. Vous n’avez pas manqué seulement à votre parole, mais vous avez encore été mal avisé, et pour un homme d’esprit ceci est autrement désolant : sachez donc que vous auriez fait un excellent diner servi par la main de la délicieuse Mme Bergeron [1].

La circonstance était on ne peut plus favorable pour prendre un avant-goût des douceurs de la survivance. De plus, vous eussiez siroté le Champagne avec quatre troupiers finis échappés aux gloires de Wagram et les renseignements que vous désirez eussent tombé sur vous comme la mitraille céleste. Eh bien ! voilà ce que vous avez perdu ; dites-moi si les pâles sensations de votre journée de Paris ont pu approcher de celles qui vous attendaient ici ? Non sans doute, aussi je vous abandonne sans

  1. Sans doute Mme Xaxier Bergeron, femme du commandant Bergeron, également affecté à l’Ecole Saint-Cyr et compatriote de Périolas.