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Les vésicants dont l’ypérite est le type déterminant des brûlures delà peau et des muqueuses, même souvent sous les vêtements. Ils produisent des accidents d’autant plus terribles qu’ils sont insidieux. Tandis que les produits précédents par leur action immédiate auraient un rôle agressif, les vésicants de la nature de l’ypérite sont au contraire l’idéal du produit défensif propre à rendre intenable toute zone à protéger.

Mais dans ces diverses catégories, comme parmi les sternutatoires et les nauséabonds, il y a des degrés dans l’agressivité et dans la persistance des produits qui sont un peu en raison inverse l’une de l’autre. Il est évident qu’on utilisera des produits fugaces sur une zone qu’on aura soi-même à traverser peu après, etc.

Qu’on les emploie directement en nappes éjectées à l’air libre, dans des projectiles d’avion, d’obusier ou de canon, il est clair que tous ces produits constituent un clavier complet dont le commandement suivant les besoins peut tirer tous les partis tactiques possibles.

Il est très probable que les prochaines mobilisations se feront de part et d’autre sous la protection d’une zone frontière où l’on aura au préalable répandu des gaz toxiques à effets suffisamment persistants. Il est probable aussi que chacun s’efforcera de troubler la mobilisation adverse ainsi protégée : il n’aura pour cela qu’un moyen, l’avion ou le dirigeable qui par des projectiles explosifs et surtout toxiques projetés sur les nœuds de rassemblement tâchera de contrecarrer la concentration adverse.

Tout cela promet encore de beaux jours aux rédacteurs de communiqués. Mais serons-nous préparés à tout cela ? Il faut l’espérer, et, pour pouvoir l’espérer, il faut qu’on s’en occupe.


CHARLES NORDAMNN.