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civilisées, à payer ses dettes passées et présentes, à rendre les biens confisqués et à s’abstenir dorénavant de toute propagande extérieure.

Ce discours n’a été une surprise pour personne et aucun des délégués n’a cru nécessaire de prendre le temps de réfléchir sur cette nouvelle création du monde, avant de donner son adhésion aux propositions de M. Lloyd George. M. Bonomi a offert immédiatement le plein assentiment de l’Italie, M. Theunis celui de la Belgique : et M. Briand, tout en se plaignant spirituellement d’avoir vu tomber une grosse pierre dans son jardin, s’est empressé d’ajouter qu’elle n’avait écrasé aucune plate-bande et qu’il était, lui aussi, d’accord avec le premier ministre britannique. Il a seulement insisté, et avec raison, sur l’importance des garanties à prendre.

Dans la séance suivante, le programme de M. Lloyd George a été adopté à l’unanimité, et une résolution préparée dans la coulisse a été lue sur la scène. Il a été convenu que la fameuse Conférence économique et financière, celle dont il avait déjà été parlé à Bruxelles et à Spa et qui, jusqu’à ce jour, n’avait pas réussi à sortir du néant, serait enfin convoquée pour le commencement de mars et que toutes les Puissances européennes, Allemagne, Autriche, Hongrie, Bulgarie et Russie comprises, y seraient invitées. On a même pris soin d’ajouter que les premiers ministres de chaque nation devraient, autant que possible, assister en personne à cette Conférence, de manière à rendre les travaux plus rapides et plus décisifs. Si les chefs de tous les Gouvernements européens répondent favorablement à cet appel, ce sera, cette fois, pour les photographes une aubaine inespérée. Oncques ne se sera vue une assemblée plus imposante. MM. Lloyd George, Briand, le chancelier Wirth, Lénine, et les autres, quel rapprochement imprévu de talents et de gloires ! Quel triomphe de la diplomatie nouvelle ! Quelle défaite pour les vieux usages et les méthodes surannées ! Il sera bien démontré, dorénavant, que les ambassadeurs ont fait leur temps, que l’expérience des affaires est un luxe inutile, que, si l’incompétence n’est pas une vertu, la compétence, du moins, est un défaut, et que, dans le maniement des choses humaines, l’art oratoire suffit à tout.

La résolution collective contient ensuite quelques phrases dont la paternité pourrait être légitimement revendiquée par un personnage qui n’est peut-être pas allé à Gênes, mais qui est mort, non loin de là devant Pavie, et qui, un quart d’heure avant sa mort... Nous savions que M. de la Palisse ne manqua de rien, tant qu’il fut dans