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Conseil des Soviets a tenu à se réserver pour lui-même cette prérogative, et il en use de telle façon que personne n’est aujourd’hui en mesure de connaître la quantité exacte de roubles-papier mise en circulation. Ce qui est sûr, c’est que l’unité monétaire n’a plus aucune valeur, que la situation intérieure ne s’améliore guère, que la famine sévit encore dans plusieurs provinces, notamment dans la République des Tatares et dans la contrée de Samara, que la crise du combustible est elle-même, depuis le commencement de l’hiver, devenue effroyable, que le charbon du Donets a presque complètement disparu, qu’on ne trouve plus de naphle à Bakou, ni de bois dans le bassin du Volga, et qu’au milieu du désarroi général se multiplient tous les jours les attentais criminels. Les magasins de l’État, les trains, les gares sont pillés. Le désordre est partout.

Quelles assurances le représentant de ce régime de régression devra-t-il donner aux Puissances occidentales pour s’asseoir à leurs côtés dans la conférence de Gènes ? Il devra, en premier lieu, nous dit-on, reconnaître toutes « les dettes et obligations publiques qui ont été ou qui seront contractées ou garanties par l’État, les municipalités et les autres organismes publics. » Il devra, en second lieu, « reconnaître également l’obligation de restituer, de restaurer ou, à défaut, d’indemniser tous les intérêts étrangers pour les pertes ou les dommages qui leur ont été causés du fait de la confiscation ou de la séquestration de la propriété. » En d’autres termes, les Soviets devront accepter de payer les intérêts des emprunts extérieurs contractés, notamment en France, par le Gouvernement impérial russe ; et ils seront obligés de réparer les dommages que des mesures de force auront causés, depuis la Révolution, à nos nationaux. Rien de mieux. Cette double condition est sage ; elle est nécessaire ; il reste à la faire accepter, et quand elle sera acceptée, il restera à la faire appliquer.

La déclaration ne se borne pas à ces premières exigences ; elle stipule que les nations auxquelles seront accordés des crédits auront à établir « un système légal et juridique sanctionnant et assurant l’exécution impartiale de tous les contrats commerciaux ou autres. » Il n’est pas, sans doute, très aisé de concilier cette formule avec le principe inscrit au frontispice de la déclaration : « Les nations ne peuvent revendiquer le droit de se dicter mutuellement les principes suivant lesquels elles entendent organiser à l’intérieur leur régime de propriété, leur économie et leur gouvernement. Il appartient à chaque pays de choisir par lui-même le système qu’il préfère à cet