Nous entrons dans la maison de bois.
Le corridor très chaud.
Le poêle qui brûle, rouge.
Il me conduit dans son bureau, il me montre le gui qu’on lui a envoyé et qu’il veut emporter sur notre appareil pour nous porter chance. Il fait mettre de côté les valises et le sac.
C’est l’heure du déjeuner.
Les trois officiers français viennent à notre table.
Des fleurs, des plats spéciaux, de la recherche, tout en mon honneur.
Je m’asseois à côté de mon compagnon.
Conversation générale. On parle du mystère, du monde occulte, et puis de la chance, des talismans, des fétiches, des maléfices. Beppino écoute ; il dit de temps en temps une parole fraîche, originale, profonde.
Nous nous levons pour prendre le café. Il me montre quelques gravures amusantes qui doivent décorer le corridor.
Sont avec nous Manfred Gravina, Louis Bresciani, Albert Blanc.
On parle de l’appareil inventé par Louis Bresciani.
Le type de ce jeune Véronais : blond, fluet, pâle, avec de courts favoris, une bouche délicate, des yeux clairs, un air de petit officier anglais du temps d’Horace Nelson.
Beppino s’amuse à taquiner Albert Blanc, fabricant de bombes incendiaires et de télémètres.
Il est deux heures. Il faut partir. Le canot est prêt.
Le chat noir se cache sous le divan. Pendant le déjeuner, il a mangé dans son écuelle avec un tel plaisir que sa queue s’agitait comme au temps où les chats sont en amour.
Nous nous levons pour sortir. Beppino m’accompagne. C’est lui qui est de garde ce soir. Nous parlons de la solitude, du repos qu’il y a dans la solitude.
Il se couchera de bonne heure, il dormira longtemps. Nous aussi, Renée et moi, nous serons seuls ; nous n’acceptons pas l’invitation d’Albert au cabaret, puisque notre ami ne peut venir.
A travers les barques, toujours accompagné par lui, je descends dans un canot avec Manfred, avec Albert, avec Louis Bresciani, qui paraît soucieux.
Beppino est content de venir dîner demain avec moi, dernier repas avant le vol sans retour...