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des charges imposées aux entreprises, ont ébranlé jusque dans leurs fondements un certain nombre de celles-ci. Aussi des plaintes s’élèvent-elles de tous côtés. Des voix innombrables réclament une modification de l’état de choses actuel. Le lecteur ne s’en étonnera pas, lorsque nous aurons mis sous ses yeux les faits qui jugent la législation des huit heures.


I. — HISTORIQUE

Remontons aux origines, dont quelques-unes sont lointaines. La Grande-Bretagne avait inauguré en 1802 la réglementation légale du travail en limitant à douze heures la journée des « apprentis des paroisses, » c’est-à-dire des enfants des indigents assistés. La mesure fut généralisée par la loi Ashley (factory act) de 1833, qui établissait un maximum de 48 heures par semaine pour tous les enfants jusqu’à 13 ans et de 69 heures par semaine pour les adolescents de 13 à 18 ans, avec interdiction du travail de nuit et création d’inspecteurs des fabriques. La journée de 40 heures pour les femmes et les enfants employés dans les grandes industries fut votée en 1847.

En France, la première loi sur le travail des enfants fut promulguée le 22 mars 4841. En 1848, un décret du 21 mars fixa la journée de travail des adultes à 10 heures à Paris et à 11 heures en province : mais il n’a pas été appliqué ; il fut remplacé par la loi du 9 septembre 1848, qui fixait le maximum de la journée à 12 heures. Cette dernière loi resta en vigueur jusqu’à l’établissement de celle de 8 heures, pour les fabriques occupant exclusivement des hommes adultes. Depuis 1904, la limite légale était abaissée à 10 heures dans les établissements industriels occupant à la fois des hommes et des femmes. Parmi les inconvénients de cette dernière disposition, on a signalé celui de faire regagner le logis simultanément par le mari et sa compagne, au lieu de permettre à celle-ci de rentrer plus tôt et de préparer le repas familial. Quoi qu’il en soit, on voit que l’intervention du législateur s’était surtout exercée en faveur des femmes et des enfants ; en aucun cas, il ne s’était préoccupé de se lier vis-à-vis des nations étrangères ni de demander à celles-ci de prendre des engagements envers nous. Cette phase nouvelle du problème est apparue à la suite de la Grande Guerre.