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la loi de huit heures a jeté dans les conditions de la production, chercheraient et trouveraient les bases d’accords contractuels qui les satisferaient les uns et les autres bien mieux que les règlements d’administration publique. Une fois de plus, le libre jeu des forces économiques ferait sentir son action bienfaisante, en assurant aux travailleurs la juste rémunération de leurs efforts et en permettant aux chefs d’industrie de proposer à leur personnel des conditions d’exercice de leur activité favorables à la fois au bien-être des ouvriers et au succès des entreprises.

Si le principe des huit heures devait rester inscrit dans notre législation, nous voudrions qu’il ne le fût qu’à titre de base du salaire et qu’il fût toujours permis, en vertu d’accords librement consentis, d’y ajouter des heures supplémentaires. Par ailleurs, il nous paraîtrait équitable d’exiger de nombreuses catégories de fonctionnaires un travail effectif de la durée légale. Ce n’est un secret pour personne que la médiocrité des efforts d’un certain nombre de titulaires de fonctions publiques, dont l’indolence contraste avec l’énergie déployée par les hommes dont l’intérêt est directement en jeu dans les carrières privées. Mais, pas plus pour ceux qui travaillent douze heures que pour ceux qui n’en fournissent que quatre ou six, nous ne souhaitons de contrainte légale. C’est aux chefs d’un personnel de savoir stimuler l’activité de chacun et d’obtenir le maximum d’effort et d’effet utile. D’autre part, même parmi les partisans de la loi, il en est beaucoup qui reconnaissent aujourd’hui qu’il n’est pas possible de prendre à son égard des engagements internationaux. A l’intérieur de nos frontières, des modifications de l’état de choses actuel permettraient à chacun de retrouver son équilibre, de considérer le problème non pas au point de vue d’une sorte de mysticisme égalitaire et d’une codification rigide de préceptes aussi variables que les forces de chaque individu, mais à la lumière d’expériences séculaires et d’accords nés d’une longue tradition.

La paix sociale, que nous appelons de tous nos vœux, gagnerait à cette solution, que seuls les adeptes de l’étatisme combattront. L’heure est venue d’une révision de laquelle doit sortir une amélioration notable de l’état économique du pays, dont tous les citoyens ressentiront l’effet bienfaisant.


RAPHAËL-GEORGES LEVY.