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et indirectement les effets funestes du renchérissement de toutes choses, provoqué par la diminution de la production, — directement parce que leur salaire réel se trouve ramené au-dessous du salaire normal, indirectement parce que la difficulté de vendre les produits dont le prix de revient est élevé, tend à augmenter le chômage. Tout récemment un de nos plus grands établissements métallurgiques du Nord faisait savoir à son personnel qu’en présence des pertes continues que lui causait un prix de revient supérieur au prix de vente, il allait se voir obligé de fermer ses ateliers. Spontanément, les ouvriers ont offert de travailler dix heures : le chômage a été évité.

Si l’on songe aux bienfaits que la nation retirerait du retour à une exploitation plus économique d’une seule branche d’industrie, de celle des transports, on ne peut s’empêcher de penser que les intéressés eux-mêmes seraient les premiers à s’en réjouir. Une période de liberté rendue aux employeurs et aux employés leur permettrait de réajuster la vie économique du pays. Les milliards que nous dépenserions en moins pour l’exploitation de nos chemins de fer, de nos houillères, de notre marine marchande, s’appliqueraient à des dépenses productives et donneraient une sève nouvelle aux branches de l’activité nationale qui dépérissent aujourd’hui.

La question est mûre pour un examen nouveau. Bien que la loi de huit heures ne soit pas vieille de trois ans, elle a déjà eu des répercussions telles que chaque citoyen a pu se rendre compte de la nécessité de la réviser. Certes, en se lançant généreusement dans la voie d’une législation qu’elle croyait de nature à améliorer le sort des travailleurs, la France, une fois de plus, donnait au monde la preuve de son ardeur toujours prête à servir les nobles causes. Mais, en présence du refus des grandes nations industrielles d’adhérer à la convention de Washington et des résultats constatés sur un grand nombre de domaines dans notre vie économique, bien des Français sont disposés à reprendre l’examen de la question.

Les ouvriers eux-mêmes, tous ceux du moins qui n’apportent pas dans l’étude de ces problèmes des idées préconçues ou des partis pris irréductibles, devraient voir sans déplaisir l’ouverture d’une période au cours de laquelle la liberté reprendrait ses droits. Instruits par l’expérience des trois dernières années, employeurs et employés, s’étant rendu compte du trouble que