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sortit, en l’année 1920, l’institution d’une nonciature ; il n’y eut en Suisse, pour s’en plaindre, que deux feuilles protestantes de la Thurgovie et de l’Argovie. M. le président Motta, dans une réception offerte au nouveau nonce par les catholiques de Berne, déclarait, avec une joie pacifique, que tous les membres du Conseil fédéral, sans distinction de confession, avaient décidé de renouer avec Rome, et que la Suisse avait été heureuse de collaborer, durant la guerre, à la « mission de paix et d’amour » que s’était assignée le Vatican [1]. On apprenait, quelques mois plus tard, que les autorités cantonales de Berne qui, depuis près d’un demi-siècle, ignoraient l’évêque de Bâle, chef spirituel des catholiques bernois, acceptaient de rentrer en rapports avec lui [2]. Les derniers vestiges du Kulturkampf suisse, qui avaient survécu à la politique pacificatrice de Léon XIII, s’abolissaient ainsi sous Benoit XV.

La Papauté sous Benoit XV a partout multiplié sa présence, et la colline Vaticane a de nouveau concentré sur elle les regards de la diplomatie universelle. Il n’est pas jusqu’aux Etats d’Extrême-Orient qui ne se soient sentis attirés. Le souci de ménager, en Chine, les prérogatives traditionnelles de la France, imposa quelque trêve à l’impatience qu’eurent un instant la Chine et le Saint-Siège d’entrer en rapports diplomatiques : mais dès 1914, lorsque le vicaire apostolique de Pékin vint annoncer officiellement au président de la République chinoise l’avènement de Benoit XV, l’accueil solennel dont il fut l’‘objet attesta qu’en Chine l’importance du fait catholique était désormais reconnue. Le mandat conféré au Japon par la Société des Nations pour l’administration des îles Mariannes, Carolines et Marshall, amena le cabinet de Tokio, en 1919, à se mettre en relations avec le Saint-Siège pour régler, dans ces archipels, la situation des missions catholiques ; un catholique japonais, le commandant Yamamoto, survint à Rome comme négociateur.

Les jeux de la politique et du hasard, — Rome sait qu’il faut dire : de la Providence, — sont parfois déconcertants. A la date du 6 avril 1915, M. Sonnino, par l’article 15 du traité de Londres, avait à l’avance fait exclure la Papauté du futur congrès de la Paix. La Consultà, déjà à la fin du XIXe siècle,

  1. Renaut, Le Correspondant, 10 septembre 1920 ; Nouvelles religieuses, 15 décembre 1920, p. 569.
  2. Nouvelles religieuses, 1er avril 1921, p. 162-163