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recommencé de causer avec lui. Elle enregistrait dès 1917 les précieuses déclarations accordées à M. Denys Cochin par le cardinal Gasparri, en vertu desquelles le Saint-Siège promettait de ne rien faire pour abolir ou diminuer, en quelque manière que ce fût, le protectorat de la France dans le Levant méditerranéen [1]. Puis en 1919, l’Alsace et la Lorraine, terrains concordataires, devenaient un inévitable sujet de colloques entre la famille nationale dans laquelle les réintégraient nos victoires et le chef suprême de cette famille spirituelle dont font partie la majorité de leurs habitants. En 1920, enfin, la haute prévenance du Saint-Siège réglait notre situation religieuse au Maroc en créant pour un Franciscain de France, qu’allaient entourer bientôt plus de trente missionnaires français, l’office de vicaire délégué, chargé de représenter le vicaire apostolique espagnol dans cette partie du vicariat qui politiquement relève de notre influence [2]. L’ambassade extraordinaire de M. Gabriel Hanotaux, puis l’envoi simultané de Mgr Cerretti comme nonce à Paris, et de M. Jonnart comme ambassadeur à Rome, réintroduisirent enfin la France au Vatican.

A l’origine de ces rapprochements décisifs entre Papauté et Angleterre, entre Papauté et France, on discerne à l’œil nu les nécessités politiques révélées ou suscitées par la Grande Guerre ; les liens qui se renouèrent, en 1921, entre la Suisse officielle et le Saint-Siège, ont une origine peut-être plus touchante. Depuis 1874 ces deux puissances étaient sans rapports : les fructueuses missions du futur cardinal Ferrata avaient, sous Léon XIII, heureusement aplani les difficultés les plus aiguës ; mais les prises de contact entre Berne et Rome étaient restées exceptionnelles. Pour les rendre plus fréquentes, et puis définitivement régulières, il fallut qu’au cours de la Grande Guerre, entre l’esprit de miséricorde du Pontife et les philanthropiques efforts de l’âme helvétique, une collaboration spontanée s’inaugurât. Un prélat vint loger dans Berne, pour mettre le cœur du Pape à proximité des divers belligérants ; Suisse et Vatican, qui ne s’étaient jamais oubliés, achevèrent de se mieux connaître, en s’entr’aidant pour aider l’humanité. De ce poste de charitable avant-garde qu’avait créé le Vatican dans la capitale de la Confédération,

  1. Nouvelles religieuses, 1er janvier 1918, p. 25-26.
  2. Documentation catholique, 26 février 1921, p. 236-237. Voir aussi les premiers numéros de la nouvelle revue : Le Maroc catholique.