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derrières de la Roumanie et constituerait une mesure sur Buda-Pesth. L’entrée en action, nécessaire et avantageuse, de la Roumanie, deviendrait ainsi inévitable.

Le Haut-Commandement britannique se refuse à entreprendre actuellement une offensive contre les Bulgares ; il juge l’opération trop périlleuse. Briand insiste à Londres pour faire prévaloir l’opinion du général Alexéïew.



Samedi, 1er juillet.

En Galicie, les Russes, qui viennent d’occuper Koloméa, poursuivent les Austro-Allemands vers Stanislau. En Bukovine, ils consolident leurs succès.

Depuis le 4 juin, les armées du général Broussilow ont fait 217 000 prisonniers.

En France, une grande offensive anglo-française s’engage sur la Somme.



Dimanche, 2 juillet.

Ma dernière intervention au sujet du chemin de fer d’Arkhangelsk n’a pas été vaine. Sazonow m’annonce que, sur un ordre de l’Empereur, le nombre des wagons qui assurent le trafic quotidien de la ligne est porté de 300 à 450 et bientôt à 500.

Bratiano continue de soutenir à Paris que la mauvaise volonté de la Russie est le seul motif qui l’empêche de prendre la décision suprême, ce qui attire sur moi un flot de télégrammes impatients. Pour couper court au jeu équivoque du Gouvernement roumain, le général Alexéïew vient de lui faire savoir « que le moment actuel lui apparaît le plus propice à l’intervention armée de la Roumanie et que c’est aussi le seul moment où cette intervention puisse intéresser la Russie. »

J’en parle à Diamandy qui déjeune chez moi ce matin.

— Les atermoiements de M. Bratiano, lui dis-je, me semblent une faute grave. Je comprendrais parfaitement qu’il ne voulût pas la guerre ; c’est une politique qui se défend, car on ne fait pas la guerre sans risques. Mais, puisque vous m’affirmez qu’il veut la guerre, puisqu’il l’affirme lui-même, puisqu’il a fixé d’avance sa part de butin, puisqu’il s’est déjà compromis, autant qu’on peut l’être, dans la politique des revendications nationales, comment ne voit-il pas que, stratégiquement, c’est l’heure ou jamais pour la Roumanie de marcher ? Les Russes sont en