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plein élan d’offensive ; les Austro-Hongrois sont encore tout étourdis de leur défaite ; les Italiens se sont ressaisis et mordent ferme ; les Anglais et les Français attaquent, de toutes leurs forces, sur la Somme. Qu’est-ce que M. Bratiano veut de plus ? Ignore-t-il donc que les belles occasions passent vite, en temps de guerre ?

— Je suis personnellement de votre avis. Mais je ne doute pas que M. Bratiano n’ait, de son côté, des raisons très fortes pour ajourner encore sa décision finale. Songez qu’il va jouer l’existence même de la Roumanie !...



Lundi, 3 juillet.

Les parlementaires russes, qui s’étaient rendus à l’invitation des parlementaires anglais, français et italiens, viennent de rentrer à Pétrograd. Ils ont rendu compte aujourd’hui de leur mission au Conseil de l’Empire et à la Douma. Même en faisant la part de la phraséologie officielle, leurs discours témoignent qu’ils sont pénétrés d’admiration pour l’effort militaire de leurs alliés, de la France surtout.

J’assistais, avec Buchanan et Carlotti, à la séance du Palais Marie et à celle du Palais de Tauride : nous avons été chaleureusement acclamés.

Les membres du Conseil de l’Empire et les députés de la Douma, avec qui j’ai causé, en particulier, Gourko, le prince Lobanow-Rostowsky, Schébeko, Wiélopolski, Milioukow, Chingarew, etc., m’ont tous exprimé, à peu près dans la même forme, la même idée : « Ici, nous ne nous doutons pas de ce que c’est que la guerre. »



Mardi, 4 juillet.

Je déjeune à l’ambassade d’Italie ; j’y rencontre le président de la Douma, Rodzianko, le comte Sigismond Wiélopolski du Conseil de l’Empire et les deux députés « cadets » Milioukow et Chingarew.

Je cause longuement avec Milioukow sur les conclusions qu’il rapporte de son voyage en Occident :

— Avant tout, me dit-il, nous devons intensifier et coordonner notre effort national. Et ce n’est possible que par un étroit accord, par une intime collaboration du Gouvernement