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nous que des étrangers. Nous les évitions avec dédain. Nous ne cherchions pas à les connaître. Un abîme terrifiant nous séparait d’eux... »



Lundi, 28 février.

Depuis plusieurs mois, le peuple russe avait tendance à rabaisser le concours militaire de la France.

Malgré nos grands efforts de propagande par la presse, par l’image, par les conférences, par le cinéma, on ne se rendait pas compte de l’intensité qui caractérise la lutte sur le front occidental. Plus d’une fois, j’ai dû signaler à Sazonow, à Gorémykine, au général Soukhomlinow, les appréciations aussi injustes que désobligeantes de certains journaux.

La bataille de Verdun a tout changé. L’héroïsme de notre armée, la science et le sang-froid de notre commandement, l’énormité de notre dispositif matériel, la belle tenue de notre opinion publique sont admirés de tous.

Le président de la Douma, Rodzianko, est venu me voir aujourd’hui pour m’apporter les félicitations de l’assemblée.

Dans les rues, principalement devant les affiches des journaux, j’ai entendu, à maintes reprises, les moujiks parler de Verdoun.



Mercredi, 1er mars.

Philippesco, ancien ministre de la Guerre de Roumanie et chef du parti francophile à Bucarest, vient d’arriver à Pétrograde pour se rendre compte de la situation.

Il a reçu de l’Empereur et de Sazonow l’accueil le plus sympathique ; mais, tout en affirmant les dispositions très favorables de son pays pour la cause des Alliés, il n’est pas sorti des généralités.

Il me fait dire par Diamandy qu’il serait heureux de causer avec moi, qu’il serait même déjà venu me voir s’il n’avait pris un refroidissement qui le retient au lit.



Vendredi, 3 mars.

Le Gouvernement russe s’obstine à garder le silence sur la restauration de la Pologne. On s’en inquiète à Paris, où les