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sir Arthur Wellesley, le futur duc de Wellington. Fauche-Borel avait présenté son neveu à tous les personnages dont il se flattait d’être estimé ; le jeune homme plut par sa distinction, sa bonne tenue, sa mine « candide » et distinguée. Quand il se déclara prêt à partir pour Paris, lord Howich lui représenta les dangers de l’entreprise ; mais Charles insista, alléguant qu’elle n’offrait pas pour lui autant de difficultés que pour un autre : il connaissait Perlet qu’il avait rencontré à Londres, en 1800, lorsque le déporté revenait de Cayenne ; en une heure d’entretien avec cet homme précieux il apprendrait les noms des sénateurs et des maréchaux composant le Comité, se présenterait chez les plus qualifiés et reprendrait aussitôt la poste. Il ne ferait donc que toucher barre à Paris, et il serait, d’ailleurs muni d’un passeport en règle, levé à Neuchâtel où il comptait se rendre d’abord, ayant hâte d’embrasser sa mère, son frère et sa sœur qu’il n’avait pas vus depuis huit ans. Dans ces conditions les risques étaient réduits à leur minimum, d’autant que l’honnête et courageux Perlet ne ménagerait au jeune émissaire ni sa protection, ni celle des puissants fonctionnaires ralliés par lui à la cause royale.

Au nombre de ces fonctionnaires, Fauche-Borel, interprétant les réticences de Perlet, plaçait, on ne l’a pas oublié sans doute, Fouché, le ministre de la Police : c’était lui, évidemment, ce haut personnage désigné dans la correspondance sous le pseudonyme de Maradan. Perlet n’avait jamais consenti à s’expliquer nettement à ce sujet ; mais, puisqu’on disposait d’un émissaire, il fallait en avoir le cœur net. Lord Howich exposa à Charles Vitel l’intérêt extrême que le cabinet britannique attachait au concours de Fouché. — « S’il compte au nombre des membres du Comité, dit-il, nous aurons une grande confiance dans la négociation. » Tout de suite, Fauche-Borel, pour montrer son zèle, imagine d’écrire à Fouché une lettre dont Charles sera porteur et qu’il remettra lui-même au ministre de la Police, s’il trouve l’occasion de se rencontrer avec lui. » Cette lettre est ainsi libellée :


Ayant une communication de la plus haute importance à faire parvenir à Votre Excellence, j’aurais besoin à cet effet de deux passeports en blanc pour deux personnes que le ministère de Sa Majesté britannique désire vous adresser : l’un pour moi, en mon nom et avec mon signalement ; l’autre en blanc pour une personne de confiance