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un train. Et ce train pourrait partir tous les deux jours, sinon quotidiennement. Entre les deux systèmes de liaison, il y a un abîme ; jamais les premiers ne pourront remplacer le dernier. On peut donc espérer, et on doit surtout souhaiter, qu’avions et automobiles ne soient que les avant-coureurs du Transsaharien.


Parler du Transsaharien au moment où nous nous débattons dans la complexité des problèmes que soulèvent le règlement de la paix et la reprise de l’équilibre mondial, voilà de quoi étonner éco peut-être tous ceux qui, ne l’ayant pas étudiée, estiment que cette question est d’ordre secondaire, sinon même du domaine de l’utopie.

Or il n’en est pas qui, au triple point de vue stratégique, économique et social, soit à la fois plus positive et plus urgente, ni qui puisse exercer une influence plus décisive et plus profonde sur nos destinées.

L’utilité stratégique est tellement évidente qu’il est presque superflu d’en entreprendre la démonstration. S’il est en effet un enseignement qui ressort de toute notre histoire, et que la dernière guerre a confirmé d’éclatante manière, c’est que la capacité stratégique d’une nation dépend étroitement, non seulement du nombre de ses combattants, mais aussi de sa capacité économique. Aucun peuple d’Europe ne peut désormais, en cas de conflit, prétendre à la victoire, s’il ne peut jeter dans la balance le poids d’un effort prolongé et supérieur à celui de ses concurrents ou de ses ennemis, et, par conséquent, recevoir de ses alliés ou de ses colonies le maximum de ressources qu’ils peuvent lui procurer. Et cela implique la liberté de ses communications maritimes. C’est pour n’avoir pu acquérir ou conserver cette liberté que nous avons perdu au XIIIe siècle l’Empire franc de la Méditerranée orientale, au XVIIIe siècle le Canada et les Indes, et, plus tard, Malte et l’Egypte. C’est pour l’avoir possédée que nous avons pu, dans la dernière guerre, recevoir l’appui et l’aide de nos alliés et de nos colonies, et que l’Allemagne, malgré la supériorité initiale due à une longue et formidable préparation, a succombé.

En l’état d’insuffisance de notre marine de guerre, insuffisance que vient de consacrer, en l’aggravant, la Conférence