Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 7.djvu/943

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Washington a réduit notre armement naval, le Transsaharien devrait avoir la priorité.


Notre avenir colonial est doublement inscrit, et dans l’histoire et sur la carte.

Qu’on consulte l’histoire, on constate que, par deux fois, notre force d’expansion nous a donné de vastes, mais lointains empires coloniaux, l’empire franc méditerranéen, le Canada, les Indes, et que, par deux fois, nous les avons perdus.

Qu’on consulte la carte, — cette humble carte des écoliers où l’on voit notre domaine colonial figurer en rouge sur la mappemonde, — on verra la France reposer sur l’Afrique française comme une tête sur un vaste corps.

La France ne peut plus se dérober à ses destinées africaines ; et si elle veut les accomplir, si elle veut réaliser tous les espoirs qu’elle a accumulés, tous les avantages et les bénéfices qu’elle peut revendiquer, elle est obligée de construire la voie impériale qui, à travers l’Afrique unifiée, reportera ses frontières, son influence et son prestige jusqu’au Congo.

Conçoit-on quel magnifique avenir économique, quelle force stratégique, quelle puissance de rayonnement, quelle prospérité matérielle et morale, pourra procurer, dans un quart de siècle, cette voie ferrée prolongée et doublée, au Nord de la Méditerranée, par la canalisation du Rhône et de la Saône ? Grâce à elle, le cerveau de la France pourra commander à la masse africaine, tout entière vivifiée et dont pourront jaillir les multiples forces latentes encore en sommeil.

Ce sera le véritable instrumentum regni d’un peuple qui, ne voulant rien ajouter au domaine qui lui est reconnu, entend seulement être maître chez lui, et pouvoir dire comme au banquet de Trimalcion : omnia nascuntur domi (nous trouvons tout dans notre maison).


Il faut conclure.

La question du Transsaharien qui, à la veille de la guerre, venait il peine de sortir d’une longue période d’oubli, se présente aujourd’hui sous un aspect nouveau.

Car, d’une part, les enseignements de la guerre ont démontré la nécessité de mettre rapidement en valeur toutes les parties