envelopper. Comment ? C’est son secret. Et c’est notre regret, à nous, qu’elle y ait échoué. Certes, ni les oraisons ne manquent, ni même les « offices, » Pater noster, Ave Maria, Salve Regina, bénédictions et « saints. » L’Opéra-Comique a trouvé son spectacle pour les matinées du dimanche. Avec tout cela, ou plutôt malgré tout cela, je vois bien la cathédrale, mais je ne l’entends pas, ou pas assez. Elle n’est que le décor du drame, quand elle en devrait être l’âme, l’âme chantante, mais chantant autre chose qu’une phrase d’orchestre, même belle, plus un cantique, d’ailleurs fort agréable, pour voix d’enfants, (dernier acte), et, çà et là de courtes psalmodies.
Laissons de côté la prédication politique et sociale. Elle est franchement déplorable. La musique en est creuse et vide, par où d’ailleurs elle a tout au moins le mérite de s’ajuster exactement aux paroles et aux idées. Toute cette partie, eût dit Lemaître, fait boum-boum. Et j’ai peur que la contre-partie, sentimentale, amoureuse, (dans les scènes entre Manuel et Sagrario), ne fasse quelquefois un peu, un tout petit peu gnan-gnan. Il y a là certain récit édifiant de mariage blanc qui sent l’imagerie de sainteté. Mieux vaut, beaucoup mieux, une précédente image : celle de Sagrario pardonnée, sinon consolée, et tirant humblement l’aiguille auprès de Manuel, son compagnon de misère, de mélancolie, et déjà d’amour. L’orchestre et la voix se mêlent, s’entrelacent ici avec bien de la tristesse et de la douceur.
Et puis, si l’on se rappelle, — d’un peu loin déjà — la partition de M. Hüe, et qu’on la compare à d’autres, à tant d’autres, antérieures, on l’estime davantage. Cette musique est sérieuse, elle est honnête ; elle est exempte de mauvais goût, de charlatanisme et d’excentricité. Elle n’est même pas dépourvue, à l’orchestre au moins, de toute velléité mélodique et chantante : témoin, après le « motif » religieux cité plus haut, et dans un tout autre genre, le thème alerte, cordial, et symphoniquement traité, de la bonne tante Tomasa. Le mouvement, le désordre de la foule, de la foule des mendiants, aux abords de la cathédrale, est un tableau vivant, très vivant. Et s’il est vrai, comme l’a dit un moraliste, que, même en musique, « tôt ou tard on ne jouit que des âmes, » nous reconnaissons volontiers que dans la crise suprême où se débat son âme, son âme douloureuse, certains accents de Manuel n’ont pas été loin de nous faire éprouver cette sorte de joie.
« Dans l’ombre de la cathédrale, » ou plutôt à sa lumière, aux mille