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(M. K. S.), mais le mètre, la tonne et la seconde (M. T. S.) ; la tonne est en effet mieux adaptée que le kilog aux besoins des grandes industries ; elle offre en outre l’avantage d’être très voisine de la tonne anglaise (1 ton=1 016 kg), circonstance qui est de nature à faciliter à nos voisins d’outre-Manche l’adoption du nouveau système. Enfin il y a plus d’homogénéité, de commune mesure entre le mètre et la tonne (masse d’un mètre cube d’eau) qu’entre le mètre et le kilogramme (masse d’un décimètre cube d’eau). Tout cela assure au système M. T. S. d’unités industrielles un brillant et utile avenir.

La place me manque pour exposer, dans leur détail, les noms et valeurs des nouvelles unités géométriques, mécaniques, calorifiques, optiques. Quelques-unes ont des noms un peu étranges. Ainsi dans le système M. T. S. la nouvelle unité de force est le sthène (du grec sthénos, force), force qui en une seconde communique à une masse d’une tonne, une accélération d’un mètre. Le sthène vaut à peu près 102 kilogrammes-poids et dix millions de dynes.

L’unité M. T. S. d’énergie est le Kilojoule ; c’est le travail produit par un sthène dont le point d’application se déplace de un mètre dans la direction de la force ; l’unité M. T. S. de puissance est pratiquement égale au kilowatt des électriciens.

L’unité M. T. S. de pression est la pièze (du grec piezos, pression), qui est la pression, qui, répartie sur 1 m2, produit un effort total de 1 sthène. La pression atmosphérique normale correspond à 1013 hectopiéze, et le kilogramme-poids par centimètre carré vaut 0,98 hectopiéze.

En calorimétrie on a défini, en partant des mêmes unités, la thermie, etc.

Ces noms effrayeront peut-être les misonéistes. Qu’ils se souviennent des doléances que fit entendre, le 14 thermidor, an III, à la Convention, le délégué de la Section de Bonne-Nouvelle, s’agissant du mètre et du kilogramme : « Ces noms, déclama-t-il, nouveaux et inintelligibles au plus grand nombre de citoyens, ne sont pas nécessaires au maintien de la République. »

Ils ont persisté quand même ces noms. Ainsi feront ceux qu’on a donnés aux nouvelles unités industrielles M. T. S., car ils correspondent à des nécessités à la fois théoriques et pratiques.


CHARLES NORDMANN.