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celles qui sont de beaucoup le plus fréquemment nettoyées. Quoiqu’il en puisse être, cet allongement intempestif de quelques étalons métriques ne laisse pas, en dépit de sa petitesse, de causer un très grand émoi parmi les métrologistes. Des mesures sérieuses sont envisagées par eux pour surveiller désormais encore plus étroitement que jamais la constance des étalons de mesure et y mettre bon ordre, si elle venait à manifester derechef quelque caprice.

En tout cas, ce phénomène, quelle qu’en soit la cause définitive (adhuc sub judice lis est), suffit à montrer que les règles à traits ne sont pas à l’abri des vicissitudes que l’on croyait naguère exclusivement réservées aux règles à bouts. Les règles étalons à bouts sont des règles métalliques où la longueur du mètre est définie par celle qui sépare les deux extrémités de la règle. Telle est la règle étalon établie par la Convention et déposée aux Archives. On conçoit que la construction des règles à bouts soit plus difficile. Mais on croyait par surcroit que leur longueur devait être plus facilement sujette à variation par suite de l’usure et de déformation des bouts nécessairement soumis à des chocs, contacts et pressions pendant les comparaisons.

Il semble que ce n’est pas nécessairement le cas.

En particulier un savant suédois, M. Johansson, a établi depuis peu des étalons à faces planes en aciers spéciaux, qui permettent des mesures d’une haute précision et dont la planéité est si parfaite que lorsqu’on en accote deux bout à bout l’adhérence est telle que le bloc ainsi formé exige pour être rompu un effort considérable, et qui atteint 15 kilogs par centimètre carré de surface adhérente.

L’expérience a prouvé que ces étalons calibrés permettent des mesures extrêmement précises. De plus, en utilisant des jeux de ces étalons de calibres un peu différents on peut réaliser des règles composites de longueur très variée. C’est ainsi qu’avec un jeu de 36 étalons calibrés créés par M. Johansson, on construira des calibres composites variant de micron en micron entre 3mm et 203mm.

Il nous reste enfin à signaler que dans le but de satisfaire aux besoins nouveaux de la technique industrielle — auxquelles ne répondaient pas en nombre suffisant les unités définies par la Convention — le Gouvernement et les Chambres (après avis des plus hautes autorités techniques et notamment de M. Violle, rapporteur de ces projets à l’Académie des Sciences), ont par la loi du 2 avril 1919 et le décret du 26 juillet 1919 défini des unités nouvelles. Ce nouveau système d’unités est étroitement dérivé du système métrique conventionnel, mais il a à la base non plus le mètre, le kilogramme et la seconde