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trouver les moyens de redevenir dangereuse pour la paix européenne ? Car la conjonction de l’Allemagne organisatrice et de la Russie, réservoir d’hommes et de richesses, est de nature à mettre en péril non seulement la frontière du Rhin mais encore Constantinople et les Indes. Dans cette voie périlleuse la Conférence de Gênes sera la première étape. Telle est la terrible antinomie qui pèse sur la reconstruction de l’Europe et que les peuples qui n’ont pas avec l’Allemagne une frontière continentale ne peuvent pas voir sous le même aspect où elle nous apparaît ; l’expérience des siècles et le retour d’incidents douloureux comme celui de Gleiwitz nous ont appris à nos dépens que la sagesse du peuple allemand a tout juste la durée de sa faiblesse. C’est pourquoi le problème consiste à concilier les précautions indispensables à notre sécurité et le relèvement économique nécessaire de l’Allemagne.

A ce point de vue, l’existence d’une Pologne forte apparaît comme particulièrement indispensable à l’équilibre de la nouvelle Europe et c’est avec une vive satisfaction que nous voyons un grand journal anglais, le Morning Post, le reconnaître. « Si la Pologne devait un jour perdre son indépendance, c’est le Traité de Versailles qui croulerait immédiatement... Si, par malheur, la barrière polonaise cessait d’exister, la conjonction russo-allemande se réaliserait automatiquement. Varsovie a donc une importance incalculable pour le maintien de la paix européenne. » C’est la vérité même. Puissent les Anglais s’en pénétrer ! C’est aussi ce qui fait l’importance européenne de la question lithuanienne, du problème de Vilna et des élections très favorables aux Polonais qui viennent d’avoir lieu dans , cette ville et dans les districts environnants.

La Gazette de Francfort du 29 janvier a publié le texte intégral de la réponse du Gouvernement allemand à la note de la Commission des réparations. Elle s’inspire des mêmes conceptions que l’exposé de M. Rathenau à Cannes. Elle fait grand état des réformes financières que le cabinet Wirth se propose de réaliser cette année : augmentation des impôts, compression des dépenses, qui équilibreront le budget de 1922, pourvu que le mark ne subisse pas de nouvelle dépréciation, et laisseront un solde de 16 milliards 1/2 de marks-papier applicable aux dépenses résultant du Traité de paix et des réparations Le chancelier affirme cependant ne pouvoir donner satisfaction aux exigences des Alliés. Tout, selon lui, se réduit à un problème de crédit. « Rétablir la confiance du monde dans la solvabilité de l’Allemagne, c’est la prémisse indispensable pour une solution