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Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 8.djvu/244

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(220 voix contre 185 et 16 abstentions). Un tel scrutin ne fortifie pas l’autorité du Cabinet ; il est plutôt toléré que soutenu, parce qu’on espère qu’il obtiendra de la France des concessions et des délais ; mais il ne vit qu’en faisant la politique que lui dictent ses adversaires. Les idées démocratiques et républicaines ne semblent pas en progrès ; c’est ce que constate avec tristesse M. Hellmuth von Gerlach, obligé d’abandonner le parti démocrate pour avoir eu le courage, dans son journal Welt am Montag, de proclamer les fautes et les responsabilités de l’ancien régime. « L’évolution du parti a déçu mes espérances sous tous les rapports. » La grève des cheminots a pris fin le 8, non sans avoir rendu plus obérée encore et plus précaire la situation financière du Reich ; une perte de recette de 2 milliards de marks-papier, la promesse assez vague d’une augmentation de salaire et du maintien de la loi de 8 heures, tel est le bilan d’une grève qui se rattache à l’agitation de la « Ligue des fonctionnaires » et à leurs demandes d’augmentation d’appointements qui se chiffrent par 50 ou 60 milliards plutôt qu’au mouvement syndical ; elle a été blâmée par les quatre grandes organisations d’ouvriers et d’employés. Le duel Stinnes-Rathenau, si étroitement associé à la lutte entre le Gouvernement et l’opposition, continue. M. Stinnes est accusé d’avoir voulu vendre les chemins de fer allemands, qui appartiennent au Reich, à un consortium financier germano-anglais. Le parti Stinnes-Streseman n’a pas renoncé à constituer, avant, la Conférence de Gênes, un ministère nouveau sur une base élargie ; « l’étranger, écrit M. Stinnes, sera obligé d’attacher de l’importance à ce que des signatures négociables se trouvent au bas du prochain et véritable traité de paix. » Avec des procédés différents, tous les partis tendent en réalité aux mêmes fins : révision du Traité de Versailles ; et ils voient dans la prochaine Conférence de Gênes une étape décisive vers le succès. S’il existe, à certains points de vue, plusieurs Allemagnes, où n’en trouve qu’une quand il s’agit de se dérober à la parole donnée, à la signature librement consentie, aux responsabilités de la guerre.


INTERIM


Le Directeur-Gérant :

RENE DOUMIC.