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Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 8.djvu/381

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Dans le pas de la gazelle,
Dans ce chant d’oiseau, si clair
Que chaque note cisèle
Le limpide argent de l’air,

Dans le miroir bleu des palmes,
Dans la pointe du cyprès.
Dans ces grands horizons calmes,
Aux plis des sables secrets,

Vite, encore une journée,
Puisque nous partons demain,
Goûtons la joie étonnée
Du premier amour humain ;

Renouons encore une heure.
Ce qui, sous ce ciel ardent,
Eternellement demeure
De l’innocence d’Adam.

Hâtons-nous ! le bateau fume
En quelque recreux du port ;
Il faut rentrer dans la brume,
Il faut remonter au Nord.



Dans le cadre rond d’un hublot ouvert
Fuient le coteau vert
Et la cité blanche,
Comme autour d’une bulle un reflet du ciel penche.

Et, soudain, fiévreux, le cuivre et le bois,
Pareils à mes doigts
Lorsque je t’approche,
Tremblent sous le soleil où vibre un son de cloche.

Entre ces panneaux de clair acajou,
Tes bras à mon cou,
Roulons sans mémoire,
Comme dans un coffret une bille d’ivoire.