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en Angleterre, 20 pour 400 en Allemagne et 16 pour 100 aux Etats-Unis, le tout payé avec l’or de l’ancienne Banque de l’Etat.

Dans le commerce extérieur de la Russie avant la guerre, l’Allemagne occupait incontestablement la première place et si le fait n’avait qu’une importance relative pour la Russie, étant donnée la puissance de consommation de son marché intérieur, il n’en était pas de même pour l’Empire allemand, dont toute la politique tendait à élargir constamment ses débouchés, en vue de répondre aux nécessités de son expansion économique.

Cette politique, véritable chef-d’œuvre de la diplomatie allemande, avait été renforcée, en 1904, par le traité de commerce avec la Russie, qui modifiait celui conclu en 1894 pour réglementer les relations commerciales entre les deux pays. Mais, tandis que ce dernier avait, par voie de concessions réciproques, abaissé en Russie les tarifs douaniers sur un grand nombre d’articles industriels allemands, de même que l’Allemagne réduisait, de son côté, les droits d’entrée sur les céréales russes, le traité de 1904 était venu modifier gravement cet équilibre, au profit de l’Allemagne.

Pour comprendre ce revirement, il faut se souvenir qu’en 1904, la Russie avait à soutenir une guerre avec le Japon, et qu’elle n’était pas armée pour se défendre contre l’emprise allemande, au milieu des difficultés de tous ordres qui accompagnaient ses échecs en Extrême-Orient. Dans la lutte diplomatique entre M. de Witte et le chancelier Bülow, c’est ce dernier qui triompha.

Sous le régime du traité de 1904, l’Allemagne conservait toutes ses positions, alors que la Russie subissait une modification très désavantageuse pour la partie essentielle de ses exportatations. Sous la pression des agrariens allemands, les droits d’entrée pour les céréales russes importées en Allemagne étaient relevés de 3 marks 50 à 5 marks pour le seigle, de 3 marks 50 à 5 marks 50 pour le froment, de 2.80 à 5 marks pour l’avoine, de 7.30 à 10.20 pour la farine. De ce fait, les intérêts des agriculteurs russes se trouvaient lésés et cela d’autant plus profondément que certaines dispositions permettaient aux Allemands de tirer des avantages exceptionnels et imprévus des tarifs établis, pour devenir, à leur tour, exportateurs de céréales, en faisant ainsi concurrence à leur fournisseur, sur son propre marché.

Il en est résulté qu’après la mise en application des nouveaux